Confortablement installés pour deux mois dans notre petit appartement de Oaxaca, nous n’oublions pas pour autant d’explorer le pays ! Nous revenons ainsi de six jours dans les environs de Mexico. Il y a tant de belles choses à découvrir dans un rayon de cent kilomètres de la capitale : trois parcs nationaux, des volcans majestueux, d’élégantes villes…
Nous démarrons donc une série de trois articles dans lesquels nous vous emmènerons :
- dans les rues de la gracieuse Puebla et au pied de la pyramide de Cholula (cet article),
- à Taxco, la magnifique ville blanche de montagne,
- sur le volcan Nevado de Toluca, culminant à 4680m.
Puebla, une ville sur son trente-et-un
Puebla est nichée à plus de 2000m d’altitude, entourée de montagnes et de volcans. En arrivant depuis Oaxaca, notre bus serpente cinq heures à travers des montagnes hérissées de cactus. Les mêmes grands cactus que dans les westerns, vous voyez ?
La ville de Puebla possède un vieux centre très intéressant, réputé pour son architecture baroque. Nous nous sentons comme téléportés en Espagne, la plus belle facette de l’Espagne. Et pour cause, Puebla fut fondée par les Espagnols et de nombreux descendants y vivent toujours. Nous sommes comme des petits fous et quadrillons une par une les rues du centre, de peur de rater d’autres rues colorées, d’autres façades couvertes de faïences, d’autres jolis recoins !
Les églises ne sont pas en reste, plus élégantes les unes que les autres, à l’intérieur comme à l’extérieur. Ne ratez pas la chapelle du Rosaire, dans l’église Santo Domingo, qui serait à coup sûr élue grande gagnante du concours de décoration chrétienne bling-bling, avec plus de dorures qu’il n’en faudrait pour couvrir la Tour Eiffel. Nous ne montrons pas de photos pour vous laisser la surprise !
Hélas, la plupart des églises sont un peu amochées, en travaux, voire entourées d’une zone de sécurité. Même chose pour certaines maisons du centre, soutenues par des poutres ou habillées d’échafaudages. Ce sont les séquelles d’un séisme survenu trois mois plus tôt, chiffrant 7,1 sur l’échelle de Richter. Heureusement, Puebla est une ville prospère qui peut se permettre de panser rapidement ses dégâts matériels.
Probablement parce que c’est le week-end, nous tombons sur de nombreuses brocantes, foires à tout ou marchés d’artisanat qui occupent chaque placette.
À travers quelques rencontres, nous découvrons des habitants sociables et chaleureux. Plusieurs nous arrêtent dans la rue pour le simple plaisir de discuter.
Nos progrès en espagnol ne sont pas encore spectaculaires, mais nous nous en sortons plutôt bien en complétant avec l’anglais, quelques gestes des mains et nos sourires gênés !
À l’approche de Noël, toutes les familles s’équipent de la traditionnelle piñata, une décoration suspendue au plafond et remplie de bonbons que les enfants tenteront d’éventrer à coups de bâton, les yeux bandés. On en trouve de toutes les formes, mais la plus courante est l’étoile à sept branches.
Autre tradition, une fleur appelée nochebuena, ou étoile de Noël en français. Les Mexicains doivent en produire des quantités astronomiques car nous en voyons absolument partout !
Le soir, la ville de Puebla est superbement éclairée et mérite une nouvelle promenade. Sans compter que, pour les fêtes encore une fois, la ville se pare de mille guirlandes lumineuses. Visiblement, personne ne peut stopper un Mexicain dans sa folie décoratrice à l’approche de Noël !
Nous tombons sur plusieurs churrerias à Puebla, c’est-à-dire des boutiques de churros. L’Espagne n’est vraiment pas loin ! Quant aux restaurants, ils sont chics et raffinés dans l’ensemble. Les touristes se comptant sur les doigts de la main, ils s’adressent clairement aux locaux. C’est là que nous sentons que les habitants disposent d’un meilleur niveau de vie que dans le reste du pays.
Faites attention car ils ont tendance à glisser facilement des chapulines dans leurs plats. Ah, vous ne connaissez pas les chapulines ? En voici :
À part cette étrangeté culinaire, nous nous demandons si nous n’aurions pas aimé vivre quelques semaines à Puebla plutôt que de retourner à Oaxaca. Les deux villes sont aussi agréables à parcourir l’une que l’autre, dans des styles légèrement différents. Oaxaca semble avoir gardé son authenticité de toujours, alors que Puebla, grande ville moderne, s’applique à rendre son petit centre-ville charmant. Ce n’est pas déplaisant pour autant ! Mais la question ne se pose pas, puisque nous avons déjà réglé notre deuxième mois de loyer à Oaxaca.
Puebla abrite plusieurs musées et nous recommandons Amparo, celui des arts précolombiens. Nous adorons en particulier les statuettes, aux silhouettes plus amusantes les unes que les autres. Mention spéciale pour le sosie aztèque de Donald Duck qui ressemblerait presque à un canular d’archéologue !
Il ne faut pas manquer non plus la superbe terrasse de ce musée, meilleur point de vue pour admirer les dizaines de dômes et clochers de Puebla, avec quelques volcans à l’horizon.
Déception à la grande pyramide de Cholula
À une douzaine de kilomètres de Puebla se trouve Cholula. Nous sommes attirés par d’incroyables photos d’une église jaune, perchée sur une verte colline, avec un volcan enneigé en arrière-plan. Remboursez, car il y a tromperie sur la marchandise !
Mais commençons par la partie intéressante. La colline sur laquelle repose l’église est en réalité une très vieille pyramide bâtie par les Aztèques. Pas juste un petit amas insignifiant, non, il s’agit de la plus grosse pyramide… du monde ! Pas aussi haute que la pyramide de Khéops en Égypte, mais beaucoup plus large au sol. Autre fait passionnant : la pyramide ne fut découverte qu’à l’époque moderne, il y a 108 ans. Ce qui signifie que les Espagnols ne se rendaient même pas compte, au XVIème siècle, qu’ils édifiaient leur église sur une colline artificielle.
Malheureusement, depuis le tremblement de terre de septembre 2017, l’ascension de la pyramide et la visite de l’église sont interdites. Réouverture en avril 2018 si tout se passe bien. Nous nous rabattons sur la visite de l’intérieur de la pyramide, non sans quelques appréhensions…
La visite consiste en une enfilade de tunnels étroits dans lesquels il ne vaut mieux pas souffrir de claustrophobie. Nous sommes censés remarquer les sept phases de la construction de la pyramide, petite au départ puis de plus en plus grande, or nous ne voyons rien d’autre que… les murs d’un banal tunnel sans explications. Et voilà comment perdre 70 pesos pour marcher dix minutes dans l’obscurité, le dos plié en deux pour ne pas y laisser notre cuir chevelu !
Quelques pierres de la pyramide ont été dégagées et rénovées derrière la colline, mais le travail d’imagination pour reconstituer l’édifice entier n’est pas si évident !
Quant au beau volcan enneigé dont la photo nous avait attirés à Cholula, il faut savoir qu’un gros nuage de pollution recouvre généralement la vallée et qu’il est très rare d’avoir une vue dégagée sur le Popocatepetl, plus haut sommet du pays et pourtant situé à une trentaine de kilomètres seulement.
Nous nous consolons en visitant le couvent tout jaune de San Gabriel, en face du zocalo, la place principale. Plus loin, une autre église est peinte de la même couleur. Une spécialité locale ?
La petite église baroque Santa María de Tonantzintla
Nous enchaînons avec une virée à Tonantzintla. Ce village voisin de Cholula est réputé pour son incroyable église baroque. Les photos de l’intérieur sont interdites, mais disons que la décoration est TRÈS TRÈS chargée !
Dans le bus qui nous ramène à Puebla, nous longeons une autre église extravagante, à la façade particulièrement colorée. Nous ne nous arrêtons pas car il est tard mais si vous passez par là, elle s’appelle San Francisco Acatepec.
Pour continuer avec l’excentricité religieuse des Mexicains…
En rentrant nous coucher après cette longue journée de visites, nous passons devant une autre église dont les portes grandes ouvertes laissent échapper une musique plutôt entraînante. Nous nous approchons et découvrons les fidèles qui chantent et dansent en rythme, avec chorégraphie s’il vous plaît. C’est la grosse fête ! La messe se termine par la sortie sous un tonnerre d’applaudissements du père Noël, un carton d’Xbox (la console de jeu) dans les bras et accompagné de ses compères les rois mages. Incroyable !
Notre avis sur Puebla
La ville de Puebla a beaucoup de charme et ses rues dégagent une ambiance légèrement différente des autres villes mexicaines : plus espagnole peut-être ? En tout cas, que ce soit pour ses jolies couleurs, ses monuments élégants, ses restaurants raffinés, sa vie culturelle riche ou ses churros au chocolat, Puebla mérite la visite !
Conseils pratiques pour visiter Puebla et Cholula
Dormir à Puebla
Nous avons dormi dans une petite chambre d’hôtes qui a fermé depuis notre visite. L’un des meilleurs plans dans le centre historique semble maintenant être chez The Dear (~42€)i qui propose de grandes chambres confortables ainsi qu’un accès à la cuisine et au rooftop.
Restaurants à Puebla
Simple et efficace, le restaurant La Zanahoria propose un buffet végétarien à volonté pour 108 pesos.
Musée Amparo
Le billet d’entrée est gratuit le dimanche et le lundi, 35 pesos le reste de la semaine sauf le mardi, jour de fermeture. Quant à la terrasse, elle est libre d’accès et il n’est pas nécessaire de consommer au café qu’elle héberge.
Transport entre Puebla et la pyramide de Cholula
Les départs de bus sont fréquents depuis cet endroit précis sur Google Maps. Privilégiez les bus qui affichent « Cholula Directo », plus rapides (40 minutes, 6 pesos). Pour savoir quand descendre, vous reconnaîtrez le centre de Cholula à ses maisons particulièrement colorées. Sinon, demandez à vos voisins de bus, forcément sympas puisqu’ils sont Mexicains !
Visite des tunnels de Cholula
Le billet d’entrée est à 70 pesos, mais vous pouvez l’utiliser ensuite pour visiter la zone archéologique (peu intéressante) et le musée (pas testé). L’accès en haut de la colline et à l’église est théoriquement gratuit.
Se rendre au village Tonantzintla pour visiter l’église Santa María
Depuis Cholula, il y a très certainement des bus, mais nous avons choisi la facilité en appelant une voiture Uber (4km, 50 pesos).
Transport entre Tonantzintla et Puebla
Pas besoin de repasser par Cholula. Demandez aux villageois où se trouve la station du bus qui retourne à Puebla Centro. Il s’agit d’un bus blanc avec un grand R bleu sur les flancs, qui rentre en 50 minutes et coûte 6 pesos.
Trajet entre Oaxaca et Puebla
Les bus de la compagnie ADO font le trajet en 5h. Nous en avons eu pour 313 pesos par personne en 1ère classe, en bénéficiant de la réduction anticipada (voir notre article Réserver un bus au Mexique).
Trajet entre Mexico et Puebla
Les départs de bus se font pratiquement en continu sur ce trajet, depuis de nombreux terminaux, et la durée du voyage est de 2h30. Le terminal TAPO propose une centaine de départs par jour, celui de l’aéroport une quinzaine.
Feliz año nuebo à vous deux ! PS : y’aurait pas un accent à Maria ?
Oui en effet, il y a un accent à María. Merci, c’est corrigé !
Et bonne année à toi aussi !
Il y a une superbe photo, celle de la voiture qui transporte une piñata sur le toit ! Waouh !
C’est marrant j’ai aussi visité Puebla et Cholula, et mon expérience a été complètement différente de la vôtre !
En tout cas, à Puebla je me suis régalé, j’ai découvert l’authentique cuisine mexicaine, plus espagnole que Tex-Mex. Dont ce plat très original et typique qu’est le « mole poblano ».
¡Felices Reyes!
Merci ! En quoi c’était différent quand t’y étais ?
Pas encore goûté de mole, on attend d’en trouver un végétarien 😉
Ah et Felices Reyes à toi aussi !
Que de couleurs et de lumière! J’ai mangé des insectes en Chine, ce n’est pas si terrible, ça a peu de gout ;-)!
Il parait que les Mexicains les grillent avec de l’ail, du citron, du piment et du sel. Ça doit avoir un peu plus de goût ! Mais on a une bonne excuse pour ne pas y goûter : on est végétariens 😁
Que de souvenirs 😉 J’avais adoré Puebla et Cholula lors de mon voyage au Mexique. Les villes mexicaines ont un charme indéniable. Jolies photos, bel article. J’aime toujours autant venir vous lire 🙂
Ça tu peux le dire, on adore les villes mexicaines ! On aime les mangues aussi, d’habitude, mais ça n’est pas la saison… On se rattrape sur les avocats et les pamplemousses !
Je replonge dans de vieux souvenirs… Lorsque j’étais en dernière année de lycée, je suis partie en échange 2 semaines au Mexique dans une école de Puebla où je logeais dans une famille extra. De beaux souvenirs, je suis contente que la ville vous ait plu 🙂
Tiens c’est original comme destination d’échange, ça doit bien motiver à apprendre l’espagnol !
Alors que Oaxaca faisait encore défiler ses morts hier (mais ça s’arrête quand ?), Puebla commence déjà à sortir les décorations de Noël ! « Nos progrès en espagnol ne sont pas encore spectaculaires, mais nous nous en sortons plutôt bien en complétant avec l’anglais, quelques gestes des mains et nos sourires gênés ! » Ça m’a fait rire, j’improvise de la même manière 🙂 J’adore parler italien mais j’ai vraiment du mal à me passionner pour l’apprentissage de l’espagnol même si je trouve la langue beaucoup plus douce et agréable au Mexique qu’en Espagne.
On te comprend trop pour l’italien. D’ailleurs, gare à toi la prochaine fois que tu voyageras en Italie, on a eu du mal à retrouver nos mots après avoir appris l’espagnol !