Après l’île de San Andres, nous atterrissons à Bogota, la mégalopole qui regroupe neuf millions d’habitants. Nous décidons de ne pas nous attarder dans la capitale pour le moment et de nous diriger vers plusieurs villages de montagne repérés à quelques heures de bus au nord-est. Voici Villa de Leyva et Barichara !
Premières impressions colombiennes
Dans le bus, nos yeux écarquillés fixent chaque montagne verdoyante, chaque ranch éparpillé, chaque vache, chaque sapin, pour tenter de comprendre ce pays énigmatique dont les visiteurs disent tant de bien.
Première constatation : les paysages sont pour l’instant assez familiers. Nous ne nous sentons pas à l’autre bout du monde. Nous avons l’impression d’être en Europe, de traverser la Suisse ou les Balkans.
Deuxième constatation : la Colombie est le pays des nuages bas. Ils nous ont accueillis le premier jour et ne nous ont pas quittés depuis. Ils ne font souvent que passer, mais certains s’amusent de temps en temps à se délester au-dessus de nos têtes. Et comme nous évoluons entre 1500 et 2500 mètres d’altitude, il fait même parfois un peu frais. Voilà un pays tropical qui s’en cache bien !
Troisième constatation : les trajets en bus peuvent être dangereux. Comme notre chauffeur se prend pour Juan Pablo Montoya dans les virages, Mi-raison reçoit tour à tour une gourde et un sac à dos sur la tête sous les rires des autres passagers.
Villa de Leyva : ruelles blanches et balcons en bois
Petite ville aux rues pavées, nichée entre de sombres montagnes, Villa de Leyva nous plait immédiatement. De ses murs blancs dépassent tantôt d’élégants balcons de bois, tantôt des arbres en fleurs. Nous aimerions écrire que c’est un plaisir de s’y perdre, mais c’est impossible, il n’y a que quelques rues et elles sont toutes à angles droits !
Le symbole de la ville est son immeeeeeense place principale, surdimensionnée par rapport au nombre d’habitants, et sa petite église.
Comme nous arrivons un dimanche, Villa de Leyva est assiégée par les touristes colombiens. Les touristes étrangers, vous l’aurez compris, sont encore un peu frileux (à tort !). Ce qui nous surprend, c’est la vitesse de croisière des Colombiens. Tandis que leurs corps penchent du côté gauche, nous avons le temps de faire trois pas. Puis, trois autres pas lorsqu’ils penchent à droite. Il va peut-être falloir que nous arrêtions de penser et de dire que nous voyageons lentement…
Eux semblent surpris de nous voir pique-niquer sur un banc. Comme sur l’île de San Andres, tous les passants nous dévisagent et observent attentivement nos aliments. Nous en venons presque à nous demander si le pique-nique ne serait pas interdit !
Villa de Leyva est une ville dont le tour se fait rapidement (sauf si vous adoptez la vitesse de marche colombienne bien sûr). Nous y restons deux nuits et revisitons la ville le lendemain, plus calme une fois vidée de ses touristes et des voitures immatriculées « Bogota ».
Pour le petit-déjeuner, nous repérons un tout petit café et nous installons sur l’unique table en terrasse. En face, des mamies déploient les stands de leur tout petit marché. Leurs bouquets de poivre rose diffusent un incroyable parfum qui fait frétiller les narines des mètres à la ronde. Vous saviez que de tout petits grains de poivre pouvaient sentir aussi bon ?
Balades autour de Villa de Leyva
Une fois nos forces prises, nous nous attaquons au mirador de Villa de Leyva. Cinquante minutes d’une raide ascension nous mènent à la statue du Christ, particulièrement fier de nous présenter son royaume.
Après ce premier contact réussi avec la Cordillère des Andes, nous redescendons à pied jusqu’à la Casa Terracota. Il s’agit d’une maison toute en terre cuite, façonnée par un architecte original à l’orée du village. Il est possible de la visiter pour 10 000 pesos.
Savez-vous ce qui nous marque le plus, sur ces trois premiers jours en Colombie ? L’accueil des Colombiens. Ils sont doux, souriants, délicats, bienveillants… un vrai plaisir à côtoyer. Juste un exemple : le matin de notre départ, notre hôte Iolanda nous accompagne sur le perron dans son pyjama à fleurs, nous fait la bise et nous souhaite tout le bonheur du monde.
Conseils pratiques pour visiter Villa de Leyva
Dormir à Villa de Leyva
Nous avons logé à la Casa de Huéspedes Faletto (~20€)i, un lieu simple qui propose de très jolies chambres à cinq minutes à pied du centre-ville, avec vue sur la montagne. Aux manettes, l’adorable Iolanda !
Pique-niquer
La boutique Tienda Vegana Tahini vend un excellent houmous, à accompagner du pain frais de la boulangerie Astral. Ajoutez-y éventuellement une glace ou bien l’intense chocolat chaud aux épices de chez Chocolate.
Transport en bus entre Bogota et Villa de Leyva
Depuis le terminal de Bogota, plusieurs bus directs partent chaque jour. Comptez environ 24 000 pesos pour 4h de route.
Barichara : tuiles orange et portes colorées
Encore plus mignon que Villa de Leyva (c’est possible !), voici Barichara, un superbe village aux murs blancs et aux toits orangés. Vous trouverez peut-être, comme nous, qu’il a un air de village andalou.
En arrivant, nous sommes un peu déconcertés par l’absence de vitres aux fenêtres de notre chambre. Et puis, nous remarquons progressivement que tout le village est conçu ainsi. Alors soit le vitrier du coin est vraiment cher, soit les vitres sont inutiles lorsque les températures oscillent toute l’année entre 18 et 25°C et que les rues sont aussi calmes.
Car oui, Barichara a beau être magnifique, ses rues sont surprenamment vides. Il n’y a qu’à la sortie des classes que, tout à coup, une vague animation agite les rues et nous rassure : il y a bien des gens qui vivent ici. Mais alors que font-ils, toute la journée ?
Les rares Colombiens que nous croisons sont toujours aussi sympas. Un policier nous aborde avec le sourire.
– Vous venez d’où ?
– De France.
– Ah ! Rrrrrrénial ! Et vous restez combien de temps en Colombie ?
– Euh… deux ou trois mois.
– Ah ! Rrrrrrénial ! Portez-vous bien !
L’air de rien, notre niveau d’espagnol continue de s’améliorer et nous nous sentons de moins en moins bêtes face à nos interlocuteurs. À côté de lui, un marchand tente de nous vendre ses fourmis grillées, une spécialité de la région. Cette fois, voyez-vous, nous aurions peut-être préféré ne pas comprendre !
Randonnée de Barichara à Guane, dans la campagne colombienne
Ici encore, nous posons nos bagages pour deux nuits. Cela nous laisse le temps d’entreprendre l’une des randonnées de la région. Les collines sont quadrillées par un réseau d’anciens Caminos Reales, c’est-à-dire Chemins Royaux, commandés par la couronne d’Espagne. Nous choisissons l’un des plus courts, celui qui rejoint le village de Guane depuis Barichara en une heure et demie.
Les pavés devaient être en meilleur état autrefois, mais la promenade est sympathique. Le chemin commence par un beau panorama sur la vallée, puis descend au creux de celle-ci, où nous croisons des vaches (la Colombie est aussi le pays des vaches), des lézards aux reflets colorés, de superbes oiseaux (la Colombie est aussi le pays des oiseaux), des flamboyants en fleurs, quelques paysans…
D’une cabane au milieu d’un champ de cacaoyers, s’élève la rumeur d’un match de football. Au fait, mais c’est l’heure du match amical France-Colombie ! Nous crions :
– VIVA FRANCIA!
Ce à quoi un papi nous répond :
– AH NON ! J’ai parié un million sur la Colombie !
La petite plantation devait être en fête, une heure plus tard, puisque son pays a remporté le match.
Nous arrivons à destination peu avant le coucher du soleil. Le village de Guane est aussi petit qu’il est mignon, ou bien l’inverse. Il est certes moins bien entretenu que Barichara, mais nous retrouvons exactement la même architecture et la même ambiance douce. La région doit être truffée de ce genre de village hors du temps.
Nous remontons à Barichara par le dernier bus, qui s’arrête une bonne douzaine de fois sur la minuscule place principale, pour prendre ou déposer un passager, parfois à dix mètres d’écart. C’est quasiment un service privé !
Conseils pratiques pour visiter Barichara
Dormir à Barichara
Nous avons particulièrement aimé notre hôtel. Il s’agit de la Casa de Hercilia (~30€, excellent petit déjeuner compris)i, une bâtisse ancienne admirablement rénovée en une enfilade de patios dignes d’un magazine de décoration.
Randonnée de Barichara à Guane
Le chemin de six kilomètres est assez facile (voir sur Wikiloc). Vous pouvez faire l’aller-retour. Comme la nuit tombait, nous avons choisi de rentrer en bus. Il passe chaque heure et le dernier est à 18h environ.
Trajet en bus entre Villa de Leyva et Barichara
Comme les deux communes sont un peu perdues dans les montagnes, les transports ne sont pas directs. Il faut prendre un premier minibus de Villa de Leyva à Tunja (départs fréquents, prix 7 000 pesos, durée 1h10), enchaîner avec un deuxième bus de Tunja à San Gil (un bus par heure avec la compagnie Autoboy, prix 30 000 pesos, durée 4h30) et enfin monter dans un troisième bus vers Barichara (il vaut mieux arriver tôt car le dernier bus part vers 18h30, prix 5 000 pesos, durée 30 minutes, auxquelles il faut ajouter 30 minutes de pause au terminal central de San Gil).
Notre avis sur Villa de Leyva et Barichara
Nous avons adoré ces deux villages et leur ambiance tranquille. Pour nos premiers pas en Colombie continentale, nous sommes vraiment à mille lieues de l’image sulfureuse attachée au pays. C’est simple, si ces villages étaient en Europe, ils seraient pris d’assaut tant ils sont charmants !
Cool ces villages !
Je me rappelle d’un terrible orage à Barichara pendant la saison des pluies. Ramenez-moi un petit sachet de poivre rose svp.
Ok, si on en recroise, on t’en rapporte !
C’est super mignon tout cela !
N’est-ce pas !
J’aime bien le dessin avec les vaches ! « Encore vaches ! ».
MEEEEEUUUH! 🐮🐮🐮
Je n’imaginais pas tout la Colombie comme ça. Je voyais plutôt un pays à l’image du Costa RIca.
On dirait un peu l’Auvergne…
Avec des villages absolument parfaits.
Vous avez résolu l’enigme des habitants fantômes de Barichara???
Excellente continuation.
Virginie
Oui, on est les premiers surpris ! On s’attendait à du soleil, des couleurs chaudes, des paysages arides, mais plus on parcourt le pays, plus c’est vert. La région où on se trouve en ce moment est encore plus humide que l’Auvergne, c’est pour dire !
Pour Barichara, on soupçonne un réseau souterrain, à l’abri des yeux des touristes, une sorte de seconde ville avec un soleil artificiel. Et des hamacs, évidemment.
À bientôt !
Superbes ! Comment vous arrivez à dénicher ces petits villages trop mimi ! Et y a de la balade j’imagine ! A bientôt biz
Franchement, ça n’est pas compliqué en Colombie de trouver de charmants petits villages ou de jolies villes. Et le mieux dans tout cela, comme tu dis, c’est qu’il suffit de prendre n’importe quel chemin pour se promener dans une superbe nature !
Bonjour,
Comment vous avez réussi à aller de Villa de Leyva jusqu’à Santander?
Bonjour Paula,
Dans quelle ville souhaite-tu aller dans la région du Santander ? S’il s’agit de Barichara, nous indiquons l’itinéraire dans les informations pratiques en bas de l’article.
On voudrait aller à San Gil 😀
Merci!
Facile alors, l’information est en bas de l’article 🙂
j’ai la chance de bien connaître cette région aussi puis je me permettre de vous féliciter pour la façon dont vous la présentez.Félicitations!
Merci ! On est vraiment tombé sous le charme de cette région si paisible et mignonne.