Mi-fugue, mi-raison
Photo de Tanger la venteuse, Tanger la mystérieuse

Tanger la venteuse, Tanger la mystérieuse

Publié dans la catégorie Maroc ,
mis à jour le 24 octobre 2023

Tanger, cité blanche qui, perchée sur une butte, surveille tous azimuts l’Europe et l’Afrique, l’Atlantique et la Méditerranée. Ville de tous les échanges, polyculturelle, premier port d’Afrique, porte d’entrée d’un monde d’exotisme pour des générations de peintres et d’écrivains en mal d’inspiration.

Vue sur la médina de Tanger, Maroc

Nous avions découvert Tanger mystérieuse et mélancolique dans le film Only lovers left alive, puis l’avions admirée, magique et envoûtante, sur des photographies. Enfin, après plusieurs années à rêver d’elle, nous voilà à sa porte.

Main de fatma sur une porte de Tanger

Nous choisissons de loger au cœur de la médina afin de mieux nous perdre dans l’ambiance intemporelle de ses ruelles.

 

Nous perdre… c’est le cas de le dire. Chaque fois que nous sortons, nous nous emmêlons les pinceaux.

Dessin : se perdre dans la médina... et c'est pas grave

Organiser notre propre « perte » à Tanger est à double tranchant. Nous passons de la ruelle la plus cracra à la plus croquignolette. Certaines sont réellement adorables, murs couverts de bleu, pavés parsemés de chats alanguis.

Médina de Tanger, Maroc Ruelle de la médina de Tanger, Maroc

La médina de Tanger, à l’inverse de celles de Marrakech, Fès, ou Essaouira, ne s’est jamais retrouvée envahie de touristes, ce qui minimise le nombre de boutiques de tapis, babouches et autres bricoles « juste pour le plaisir des yeux ».

Porte verte à Tanger, Maroc Vieux coiffeur à Tanger

À la place, des habitants qui dévalent ou remontent les ruelles, des épiceries, des coiffeurs, un marché plein d’olives, de pains aplatis et de mandarines. Pardon, de tangerines, la variété qui tient son nom de la ville.

Vendeur de pain à Tanger Ruelle bleue et blanche à Tanger, Maroc

La partie la plus photogénique de la médina, avec ses murs régulièrement repeints et ses pavés impeccables, est la kasbah fortifiée, le point le plus haut de la colline.

Médina de Tanger au Maroc Ruelle de médina de Tanger, Maroc Kasbah de Tanger au Maroc

À la question du nombre incroyable de chats dans les rues du Maroc, nous avons trouvé deux réponses. L’une est terre à terre, ils chassent rats et souris. L’autre est spirituelle, le prophète Mahomet possédait un félin et l’aimait beaucoup.

 

Les deux raisons doivent se mêler, saupoudrées d’un peu d’Oh comme ils sont mignons !

Sieste de chat à Tanger

Il est un animal que les Marocains adulent plus encore : la Vache qui rit ! Nous sommes sérieux, les petits triangles de fromage sont incroyablement populaires ici. Publicités à la télé, dans la rue, sur les devantures d’épiceries, au petit déjeuner, étalés sur une crêpe msemen, en sandwich, en rayon entier au supermarché… partout !

Vache qui rit au Maroc Porte dans la médina de Tanger, Maroc

Mais revenons-en à nos moutons. Sur la gauche de la Kasbah, un balcon offre une vue sur la Méditerranée qui laisse contemplatif.

Vue sur le port de Tanger au Maroc Marocains avec vue sur la mer à Tanger

Si au contraire nous redescendons de la Kasbah par la droite, nous nous retrouvons dans la belle rue d’Italie, une artère un peu plus large qui contraste avec le reste de la médina.

 

En hiver, les orangers qui la bordent croulent sous le poids de leurs fruits.

Ville de Tanger, Maroc

Tout en bas de la rue d’Italie, nous voilà sur la place du Grand Socco, dérivée du mot souk en espagnol. Le souk en question n’est plus au cœur de la place, il s’est réfugié dans une allée couverte.

Grand socco, Tanger, Maroc Marché de Tanger au Maroc

Quelques ingrédients achetés ici nous permettent de cuisiner notre tout premier tajine maison, une réussite !

Dessin : recette tajine de légumes

La place du Grand Socco s’entoure également d’une belle mosquée et de la Cinémathèque de Tanger, qui passe des films méticuleusement choisis tout en servant des cafés en terrasse.

Papis à djellabas, Grand Socco, Tanger Cinémathèque de Tanger, Maroc

Puisqu’il y a un Grand Socco, il y a forcément un Petit Socco. Lui non plus n’héberge plus de souk, mais à la place, quatre ou cinq cafés qui empiètent sur la rue.

Petit Socco, Tanger, Maroc

Pour le petit déjeuner, un slogan sur le mur de l’un d’eux nous convainc : « Toujours le service est rapide et frais ». Nous confirmons. À peine la commande passée, le serveur court à la boulangerie du coin et nous rapporte des crêpes baghrir (mille trous) encore chaudes qu’il arrose de miel et d’amlou. Redoutable.

Baghrir et msemen, petit déjeuner marocain

Petit conseil pour les voyageurs au Maroc : prenez le temps de demander aux gens s’ils vont bien. Que ce soit aux commerçants, aux taxis, aux passants qui vous indiquent votre chemin, au policier qui vous contrôle… à tout le monde ! Il nous aura fallu plusieurs visites dans le pays pour comprendre cela.

 

Et ne passez pas à un autre sujet en un éclair, non, réjouissez-vous de la réponse. Vous gagnez immédiatement dix points de sympathie !

Dessin : les salutations marocaines

Sur une autre pente de la colline, nous entrons dans un quartier au look nettement plus européen. Les vieux immeubles roses-orangés de trois ou quatre étages rappellent même clairement l’Espagne. Ce n’est pas la façade décrépie du Gran Teatro Cervantes qui nous contredira, ni les restaurants qui servent de la paella.

Nos pas nous mènent enfin jusqu’à la grande promenade du front de mer. Le quartier est moderne et clinquant, il n’a absolument plus rien à voir avec la tortueuse médina, ni même avec le quartier « espagnol ».

Une longue rangée de clubs et de bars lounge attendent les beaux jours et surtout les belles nuits d’été pour redémarrer leurs sonos.

Plage de Tanger, Maroc

Les baigneurs aussi attendent les beaux jours. En plein mois de février, nous avons bien plus envie de nous abriter du vent que d’enfiler un maillot. Nous ne croisons que des dromadaires, et leurs maîtres bien sûrs, qui foncent droit sur nous pour nous proposer une balade sur bosse. Non merci, nous avons mieux en tête !

 

 

 

Le Parc Perdicaris avec vue sur l’océan

À l’ouest de Tanger, la côte méditerranéo-atlantique (c’est ici que la mer et l’océan se rencontrent) est réputée belle et sauvage. Nous hésitons à nous rendre aux grottes d’Hercule mais, sans voiture, nous nous rabattons sur le Parc Perdicaris accessible en bus.

Bien nous en prend. Nous débarquons dans une vaste forêt de pins qui surplombe la mer azur.

Parc Perdicaris à Tanger, Maroc

Nous pensions nous retrouver seuls, houlà non ! Par ce beau dimanche de février, tout Tanger a eu la même idée que nous. Des marcheurs et des fans de VTT se frayent un chemin entre des familles et des groupes d’amis qui déploient des pique-niques gargantuesques. Nos pauvres sandwichs font pâle figure à côté.

Dessin : le matériel indispensable d'un pique-nique marocain

Nous nous écartons des tam-tams et des you-yous (le cri de fête des Marocaines) afin d’explorer les différents points de vue, humer les embruns, plisser les yeux pour tenter d’apercevoir les côtes espagnoles et profiter des belles nuances de vert du nord du Maroc !

Parc Perdicaris, Tanger, Maroc Balançoire dans les arbres au parc Perdicaris Parc Perdicaris et Océan à Tanger, Maroc

 

 

 

Notre avis sur Tanger

Voilà une ville qui possède une véritable identité, quelque chose d’un peu intense mais indéfinissable, loin des clichés du Maroc désertique et touristique.

Nous avons arpenté Tanger pendant deux jours et demi, mais il doit être bien agréable d’y passer encore plus de temps pour flâner dans ses ruelles, s’asseoir dans ses cafés, voir un film à la cinémathèque, compter les mouettes…!

Conseils pratiques pour visiter Tanger

Transports entre Asilah et Tanger

Nous sommes arrivés depuis Asilah en une heure de train. Le prix est de 16 dirhams par personne et il n’est pas nécessaire de réserver. Consultez juste les horaires au préalable car les départs sont rares.

Transports entre Tanger et Rabat

Une ligne de TGV toute nouvelle toute belle vient d’être inaugurée entre Tanger et Casablanca, le premier train à grande vitesse d’Afrique. Nous l’avons emprunté pour nous rendre à Rabat après Tanger. Prix 172 dirhams (et moins cher si vous voyagez en semaine), durée 1h20.

Rejoindre la médina de Tanger depuis la gare

Montez dans un petit taxi (couleur turquoise) et comptez 15 dirhams. Ils sont normalement équipés de compteur. Si ce n’est pas le cas, demandez le tarif avant de monter et refusez si c’est supérieur à 20 dirhams.

Se loger à Tanger

Nous tenions à loger au cœur de la médina et nous y avons trouvé un petit appartement qui a depuis fermé ses portes. Notre conseil, si vous souhaitez dormir dans le coin le plus mignon de Tanger : cherchez du côté du Musée de la Kasbah, sur les hauteurs de la médina, car les plus belles ruelles sont au sommet de la colline. Visez par exemple le Dar Sami, aux excellents avis, notamment pour sa terrasse avec vue panoramique (~55€ la chambre double).

Où Tanger à manger ? Euh… l’inverse

Le seul restaurant que nous ayons testé était un petit syrien appelé Abou Tayssir. Il tient plus du fast-food que du restaurant, mais on y mange bien et il est géré par une femme vraiment très sympa ! Déjeunez sur place ou emportez la nourriture pour la déguster sur la place du Grand Socco.

Se rendre au Parc Perdicaris

Cela se fait facilement avec le bus de ville n°5. Il se prend à la station Sidi Bouabid, non loin du Grand Socco (ici). La station n’indique pas le n°5, mais il passe bien ici toutes les 20-25 minutes. Descendez à la station « Forêt Rmilat » (ici). Prix du trajet : 3,50 dirhams.

Mi-fugue, mi-raison À propos de nous

Nous sommes deux fugueurs : nous avons changé de vie pour voyager en continu à travers le monde, sans date de retour. Nous avançons au gré de nos envies, sans nous précipiter. Pour en savoir plus, c'est ici.


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  1. Ange & Like dit :

    Je me posais la même question au sujet de la vache qui rit (que je ne mange pas du tout) lors de ma parenthèse expatriée au Sénégal. Et c’est là-bas que j’ai eu une explication plutôt rationnelle. La Vache qui rit est partout en Afrique car c’est le seul fromage qui se conserve sans problème n’importe comment et n’importe où. Encore fallait-il le savoir 🙂 !

  2. Arnaud dit :

    Que j’ai adoré Tanger ! Ma ville préférée au Maroc 🙂 Vous avez dégusté un thé à la menthe avec vue au Café Hafa ? Je voulais voir les Grottes d’Hercule mais comme vous je n’avais pas de voiture. Pour la première fois de ma vie, j’ai opté pour ce gros bus rouge à touristes (car il y allait !). Mais j’ai été un peu déçu à vrai dire, c’est pas si impressionnant (et beaucoup trop de perches à selfie à mon goût).

    Pour les Digital Nomads, j’ai une vraie pépite à recommander pour loger au coeur de la casbah. Il y a un bureau pour travailler (la pièce pas le meuble !) avec une magnifique vue. J’étais accompagné de nombreuses mouettes dont une qui couvait ses oeufs sur le rooftop juste en face 🙂 Le lien (plus abordable en basse saison) : https://www.airbnb.fr/rooms/32248199
    La douceur de vivre de cette ville me manque déjà 🙂

    • mifuguemiraison dit :

      Ça ne nous étonne pas que Tanger plaise aux nomades et autres voyageurs lents, il y a un petit quelque chose d’agréable dans l’air. Merci pour le lien Airbnb, c’est plus lumineux que notre appart !
      Non, nous ne sommes pas allés au Café Hafa, mais c’est noté pour la prochaine fois. Pour les grottes, eh bien nous n’avons pas raté grand-chose alors !

  3. Geoffrey dit :

    Belle découverte, pas une destination à laquelle on pense

  4. Gaia dit :

    Je voulais vous dire merci pour votre joli article, il m’a beaucoup aidé à organiser notre week-end à Tanger! Inspirante découverte, nous avons suivi votre itinéraire et découvert plein de belles choses! Je recommande également le café Hafa quand vous y retournerez et le bleu de fez est une magnifique boutique de tapis, les plus beaux qu’on ai vu!

  5. Marie dit :

    Très intéressant cette vision. Nous étions arrivés à Tanger en voiture par le bateau… Nous avons vite quitter la ville pour aller vers le Sud. Les ruelles ont vraiment l’air sympa !!

  6. Mohammed dit :

    Que c’est beau, que c’est heureux de vous lire, de lire vos impressions sur ma ville natale et celle de mes parents et grands-parents.
    J’ai vadrouillé, du temps où le triste visa n’existait pas encore, un peu partout en Europe où j’avais découvert de très beaux coins, sites, monuments…. mais aussi de bonnes gens. En ces temps-là, la mode, ou la nécessité, faisaient que la plupart des Marocains optaient pour vivre quelque part dans ce continent.
    Mais moi, atteint de Tangérite (amoureux de Tanger), je suis rentré, après un périple de près de 3 ans, à mon amour de ville, ma presqu’île avec sa méditerranée et son Atlantique, avec ses étages, du rez-de-chaussée Port/plage à la vieille montagne (5 à 6 étage); ça n’arrête pas de grimper!
    Merci encore pour votre texte et pour les commentaires qu’il a provoqués.
    Mohammed Mrini

  7. Evelyne dit :

    Tanger, oui, quelle ville! Vos commentaires m’ont fait chaud au coeur, car j’y ai grandi. Jamais je n’oublierai l’atmosphère de cette ville, la liberté qu’on y respirait, la paix et le respect,qui y régnaient entre une population composée de personnes du monde entier et évidement marocaine. Les religions et les nations s’y mélangeaient en bon accord. Quelle leçon de vie! Et tout celà dans une ville ayant deux mers, deux plages, un ciel d’un bleu profond… Je m’arrête, car la nostalgie m’envahit. Merci donc de l’avoir si bien décrite. Elle le mérite!

  8. Farida dit :

    Mon dieu on lisons votre récit de voyage, j’ai eu les larmes aux yeux tellement cette ville me manque, je ne sais toujours pas pourquoi je ressens tant d’émotion à chaque fois que j’entends parler ou lire ou voir un documentaire télé sur Tanger la belle,j’ai l’impression que pour moi cette ville est une personne à part entière avec une âme et j’ai pour elle un attachement très fort et profond,,,il y a sûrement comme vous dites de la magie dans l’air, j’ai hâte de la retrouver. Merci pour ce délicieux voyage que vous nous avez offert xx

  9. Peggy dit :

    Bonjour
    Pour tanger il vaut mieux changer son argent à quel endroit ?

  10. Ari dit :

    Merci pour cet article sur la belle Tanger, la ville dont ma famille raconte les histoires depuis que je suis petit et où j’ai hâte de retourner ! Hâte de me perdre dans sa médina, de contempler la vue sur les côtes espagnoles au loin et surtout hâte du thé à la menthe au Gran Café de Paris, avec un peu de fleurs d’oranger dedans…

  11. Nadine dit :

    J’ai adoré votre article…surtout pour les salutations!!!nous y allons en famille fin septembre, j’ai pris bonne note des endroits à visiter, en plus de ceux que nous avions déjà repéré…bonne continuation dans vos aventures.

  12. Patrice dit :

    Bonjour, le bus « City tour » hop on-hop off est pratique pour se rendre (dans la même journée) au parc Perdicaris/ Cap Spartel/ Grottes d’Hercule, le ticket coûte 130 Dirham, il faut réserver la veille pour le circuit vers les grottes d’Hercule (point de départ au port).
    J’ai fait le trajet à pied entre le cap Spartel et les grottes d’Hercule, trajet agréable (1h en prenant son temps), trottoir très large (attention, pas d’ombre).
    Pour retirer sans frais (de la part d’une banque marocaine) de l’argent, il faut aller à la Poste (Al Barid bank), il n’y a même pas de proposition de taux désavantageux (pour info, c’est la même chose en Turquie)
    Le musée de la Casbah est un incontournable de la ville, ainsi qu’aller au cinéma historique Rif (la salle date de 1938, la séance coûte 40 Dirham).

  13. Emmanuelle dit :

    Bonjour,
    Nous rentrons de Tanger et sur nous aussi sa magie a opéré. Les balades sans but dans la médina et la kasbah, les marchés et souk, le petit et le grand Socco, le cimetière juif avec vue sur la mer, le café Hafa, le salon bleu et ses bon tagines, les brochettes de thon chez Hassan, la vue incroyable du Dar Nour, les petits déjeuners du bar le Tingis au petit Socco et avec son omelette accompagnée d’un fromage local délicieux….Nous avons pris un taxi pour Tetouan (40€ l’aller) dont la médina incroyable est classée au patrimoine de l’Unesco. Nous y avons passé 2 nuits. Depuis Tetouan nous avons
    pris un taxi collectif (35 dirams, 3,5€ l’aller)pour découvrir Chefchaouen la ville bleue… magnifique!
    Et si la vache qui rit est si présente à Tanger c’est aussi parce le fromager Bel y a installé une usine ….c’était mon premier voyage au Maroc et j’ai
    Beaucoup aimé Tanger…

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