Photo de Trek de Spituk à Stok : on a failli y rester…. tant c’était beau !

Trek de Spituk à Stok : on a failli y rester…. tant c’était beau !

Publié dans la catégorie Inde, le 15 mai 2025

Après dix jours au Ladakh, nos poumons bien acclimatés ne bronchent plus à l’idée d’un nouveau défi. Cette fois, ce sont les montagnes juste en face de Leh, sur la rive opposée de l’Indus, qui nous inspirent. Cette série de crêtes bien acérées fait partie d’un massif bien massif que l’Inde a protégé sous le nom de parc naturel d’Hemis. Et notre deuxième trek s’y déroule de Spituk à Stok, via Rumbak.

Montagnes de l'Himalaya au Ladakh vues depuis Leh

Le parc naturel d’Hemis, vu depuis Leh

Spituk, le point de départ, est tout proche de Leh, à l’orée du parc. Le trek s’insinue ensuite dans la jolie vallée de la Nubrak qu’il remonte jusqu’au col de Stok La à 4 855 mètres d’altitude, avant de retomber à l’extérieur du parc sur le village de Stok. Il est censé se parcourir en trois jours, mais nous l’avons réduit à deux jours pour cause d’imprévu. Finalement, nous vous recommandons d’en faire autant et vous détaillons les raisons plus bas.

Randonnée au Ladakh à l'automne de Spituk à Stok

Attention les yeux, vous risquez de ne pas les croire !

 

 

Jour 1 : de Spituk à Zingchen

Distance 16km, dénivelé positif 400m

Avant de nous lancer, nous devons obtenir la clémence de Bouddha et demandons au taxi de nous déposer au monastère de Spituk (400 roupies de taxi depuis Leh, entrée gratuite). Plutôt bien positionné à la base, il souffre de la présence d’un aéroport sous ses fenêtres, qui l’a presque transformé en tour de contrôle.

Visite du monastère de Spituk au Ladakh Visite du monastère de Spituk au Ladakh

Dans la salle principale, les contrôleurs aériens en toge sont en pleine télétransmission de prières, entrecoupées d’interludes musicaux tintamarresques.

Les voix aériennes de Bouddha sont impénétrables

Nous n’osons pas les déranger dans leur mission et ne visitons qu’un temple, rempli de statues fantastiques et de fresques noircies par les siècles de fumée des lampes à beurre. Les photos intérieures sont interdites.

Monastère bouddhiste de Spituk au Ladakh
Lampes à beurre au monastère de Spituk

Lampes (cuivrées ou dorées uniquement, car comme le dit le semi-proverbe, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent) qui attendent d’être beurrées.

Comme de coutume, un vieux village se cache sous le monastère pour bénéficier des retombées spirituelles.

Village de Spituk et monastère sur la colline

Nous contournons le village de Spituk et c’est parti……..

…… pour deux heures de marche sans intérêt. Nous partageons le bitume avec des camions remplis de poussière qui nous refont le brushing et la teinte du visage à chaque passage. C’est la partie pas cool du trek.

Randonnée avec les camions entre Spituk et Zingchen au Ladakh Trek et chantiers entre Spituk et Stok au Ladakh

Le parcours de la randonnée a dû être imaginé il y a des années, avant cette route et l’insatiable appétit en graviers de construction des hôtels de Leh.

Randonnée entre Spituk et Zingchen au Ladakh

Rassurez-vous, cela finit par s’arranger. Si vous trekkez sur nos traces, demandez à être déposés à cette porte (8ème kilomètre), vous ne raterez rien de rien :

Porte sur la route des camions entre Spituk et Zinchen

Là, le fleuve qui a donné son nom à l’Inde bifurque de la vallée de Leh, pleine d’humains, d’aéroport et d’autres bidules inutiles, pour sinuer dans un décor nu et resserré qui nous offre enfin des points de vue dignes de l’Himalaya. C’est l’entrée du parc naturel. Nous repérons d’ailleurs déjà des sortes de biches jaunes au loin, prises en chasse par les chiens d’une ferme avant que nous ne puissions les identifier.

Randonnée près de l'Indus entre Spituk et Stok Trek entre Spituk et Stok dans la vallée de l'Indus au Ladakh

Nous quittons l’Indus et son Indus-quittable beauté pour la mince vallée de la Nubrak, petit filet d’eau auquel s’abreuvent des arbres par troupeaux.

Vallée de Zinchen, trek au Ladakh

La route se transforme en piste bosselée, sur laquelle, hormis deux voitures qui nous dépassent très lentement, nous sommes seuls au monde. Idem dans le mini village de Zingchen. À part deux vaches, nous ne trouvons âme qui vive.

Village de Zinchen au Ladakh, Himalaya

Problème : c’est ici que nous sommes censés dormir ce soir. Nous crions, toquons partout… rien. Dépités, fatigués, loin de tout, sans signal téléphonique, nous mettons le cap vers Rumbak, le village suivant, en demandant à Bouddha de nous aider à arriver avant la nuit.

 

 

Jour 1 bis : de Zingchen à Rumbak

Distance 6km, dénivelé positif 500m

L’efficacité du bouddhisme est redoutable. En trois minutes à peine, un taxi vide déboule, nous attrape et repart sur les chapeaux de roue. Tandis que nous faisons les quatre coins de l’habitable à l’arrière, le conducteur nous explique être appelé en urgence à Rumbak pour un touriste en gros mal de l’altitude.

Il nous indique en route que le homestay de Zingchen est bien toujours en activité. Le propriétaire est peut-être juste parti faire des emplettes à Leh. Notre deuxième jour de trek défile donc en accéléré, mais voilà, c’est fait.

Nous déboulons à Rumbak, qui possède le charme d’un village très très reculé : une douzaine de maisons, des vaches, des ânes, des champs autour et des habitants qui moissonnent à la faux. Et toujours ces magnifiques boiseries à chaque fenêtre.

Village de Rumbak au Ladakh, Himalaya Vache dans le village de Rumbak au Ladakh Village de Rumbak au Ladakh

Nous sommes si époustouflés par la beauté du relief qui l’encercle que nous marchons déjà un peu dans la direction du lendemain pour tenter de capturer la houle de lumière sur l’onde des montagnes.

Rumbak et les montagnes de l'Himalaya au Ladakh, Inde Randonnée entre Rumbak et Stok au Ladakh

À Rumbak, le système d’hébergement tournant est en place. La moitié des maisons est surmontée d’un panneau « Homestay » et nous blaguons devant la plus vieille : pourvu que ce ne soit pas celle-là. Confiants de la miséricorde de Bouddha, nous toquons sans détour à la plus belle des portes, mais des chaussures de touristes sont déjà sur le pas. La maîtresse de maison crie vers ses voisines, qui transmettent à leur tour et de fil en aiguille nous nous retrouvons… au vieux homestay.

La roue de l'infortune des homestays de Rumbak

Le salon, très sombre, est relié et aromatisé à l’étable voisine. Dans la chambre, un fin matelas est posé par terre, tandis que la salle de bain consiste en un trou dans le sol, avec un tas de terre et une pelle, pour tirer la chasse visiblement, et vue sur des vaches en train de bouser pour l’inspiration. Ceux qui préfèrent trouveront une ingénieuse chaise trouée au-dessus d’un seau.

Chambre d'une auberge à Rumbak, Ladakh
Toilettes d'un homestay à Rumbaka

Bref, nos désirs princiers de séjourner dans des villages authentiques, avec tout de même un peu de confort, sont douchés. Pas nous, en l’absence de douche.

Une fois la situation acceptée, nous profitons de l’accueil très sympathique de la femme qui nous héberge, du petit garçon qui revient régulièrement faire coucou et de la mamie pas loin. Le repas est même très bon, avec des pâtes à l’orge (une spécialité du Ladakh surnommée « oreilles d’ânes »), des petits pois, des carottes, du riz et un dhal.

Dîner dans un homestay du Ladakh après le trek

Le tout servi face à une impressionnante batterie de cuisine, que les Ladakhis reçoivent à leur mariage et qu’ils exposent traditionnellement à la vue de tous leurs invités.

Cuisine traditionnelle du Ladakh

Comme nous terminons le dîner à 19h et qu’il n’y a plus rien à faire, nous passons au lit à… 19h30.

 

 

Jour 2 : de Rumbak à Stok

Distance 18km, dénivelé positif 1000m, dénivelé négatif 1300m

Après un petit déjeuner bien copieux, nous retrouvons le sentier dès 7h30. Un chien a aboyé toute la nuit et nous avons un peu peur de trébucher dans nos cernes. Surtout qu’il s’agit de la journée la plus physique.

Trek entre Rumbak et Stok dans les montagnes du Ladakh

Nous croisons des sortes de pintades en groupe qui ont bien remarqué que nous n’étions pas des champions du dénivelé : elles cavalent en direction des hauteurs dès que nous approchons. Pour épargner nos poumons et éviter le mal de crâne, nous évoluons à pas raccourcis.

Trek entre Rumbak et Stok dans les montagnes du Ladakh

À ces altitudes, il y a presque moitié moins d’oxygène par bouffée et la grandeur des paysages nous tranche le reste.

Randonnée au Ladakh entre Spituk et Stok Trek vers Stok La depuis Rumbak, Ladakh

Les trois cents derniers mètres de dénivelé, tout particulièrement, sont très raides. Nous souffrons et soufflons sous l’œil amusé d’un groupe de mouflons himalayens. Le grand bharal est plus connu sous son surnom de blue sheep, même s’il n’est pas mouton et encore moins bleu.

Bharals ou moutons bleus au Ladakh

Nous espérons croiser également des marmottes, hélas rien, pas un début de bout de moustache.

Trek au Ladakh de Rumbak au col de Stok La, Himalaya

À force de forcer, nous atteignons le col de Stok La en trois heures trente, au lieu des quatre annoncées. À 4 855 mètres, nous ne sommes pas peu fiers d’avoir dépassé le Mont Blanc !

Col de Stok La avec drapeaux de prière, Ladakh
 

Un petit vent frais nous attend. Nous renfilons vite toutes nos couches pour découvrir, sous nos bonnets ébahis, l’un des plus extraordinaires paysages de notre vie. Pfiouloulou ! À perte de vue, la plus grande guerre tectonique de tous les temps a laissé un champ de bataille sens dessus dessous. Plus proches de nos semelles, s’érige une haie de montagnes plus striées qu’une pile de mille-feuilles renversée.

Montagnes de l'Himalaya au Ladakh à Stok Randonnée au Ladakh à l'automne, Col de Stok

Un pique-nique plus tard, il ne nous reste qu’à descendre jusqu’à Stok. Nous gambadons entre les herbes jaunies par le début d’automne.

Montagnes de l'Himalaya orange à l'automne, trek de Rumbak à Stok

Puis nous plongeons au cœur du mille-feuille, dans une incroyable vallée constituée de part et d’autre de crêtes de stégosaures bien acérées.

Randonnée de Rumbak au village de Stok, montagnes du Ladakh Randonnée de Rumbak au village de Stok, montagnes du Ladakh

Nous surprenons un troupeau de moutons bleus au détour de l’une d’elles, qui détale avec une agilité hors pair… puis revient, peut-être effrayé par un autre prédateur. Les pauvres vont finir bleus pour de vrai, avec toutes ces frousses.

Moutons bleus ou bharals, animaux du Ladakh Bharal ou mouton bleu au Ladakh, Inde

Plus bas, nous tombons sur une rivière et un campement de randonneurs, peut-être en chemin vers la Markha Valley ?

Suivre le cours d’eau nous amuse un moment, un peu moins lorsque nous réalisons que nous allons devoir le traverser à pied. Le froid est mordant et le courant ne plaisante pas trop !

Rivière entre Rumbak et Stok, trek au Ladakh
Traversée de rivière au Ladakh, trek vers Stok

Sur les derniers kilomètres avant Stok, la vallée s’élargit et les petites touches humaines se font de plus en plus fréquentes.

Fin de trek de Spituk à Stok

Les taxis de la capitale connaissent le point final du trek, ils peuvent donc venir vous cueillir à l’arrivée. Avec notre petit imprévu, notre hôtel à Leh ne nous attend que le lendemain. Nous optons pour une nuit à Stok histoire de remettre le destin sur de bons rails.

L’hôtel repéré ajoute trois kilomètres aux dix-huit qui nous ont déjà compoté les pieds. Nous traversons le village en passant devant une jolie dri domestiquée, la femelle du yack. Notez la belle pilosité ventrale qui lui permet de s’affaler tranquille dans la neige. Beaucoup moins impressionnante, mais beaucoup plus fréquente est la pie de l’Himalaya, que nous croisons partout depuis que nous sommes au Ladakh.

Pie sur un muret
Yak dans le village de Stok au Ladakh

Nous longeons le vieux palais de Stok, transformé en hôtel quatre étoiles, ainsi qu’un nouveau bouddha géant (décidément, ils sont partout !)…

Village de Stok au Ladakh : bouddha géant Palais de Stok dans les montagnes du Ladakh

L’hôtel que nous visons ne nous attend pas, mais le couple de gérants nous accueille adorablement et nous sert un dîner sublime. Notre meilleur logement au Ladakh ! Ils ne semblent pas avoir beaucoup de clients, malgré tous les efforts fournis, n’hésitez pas à y dormir même si vous ne faites pas le trek.

Aaaaah la douche chaude, aaaaah le repos des jambes, aaaaah le bon matelas !

 

 

Notre avis sur le trek de Spituk à Stok

Nous recommandons très fortement ce trek, mais à condition de l’adapter pour éviter la première partie au milieu des camions (voir nos conseils plus bas sur deux jours au lieu de trois). Ensuite, ce n’est qu’éblouissement, en particulier au point le plus haut. Prenez juste garde à l’altitude, qui nécessite au moins une semaine d’acclimatation préalable. Et tant qu’à être dans le parc naturel d’Hemis, n’hésitez pas à ajouter quelques jours, car il est bien plus beau que nous ne l’imaginions. Il existe notamment d’autres randonnées au départ de Rumbak ou Stok.

Village de Rumbak et montagnes de l'Himalaya

Conseils pratiques pour randonner entre Spituk, Rumbak et Stok

Quelles étapes choisir ?

Le trek Spituk Stok conseillé sur trois jours par le site Ju-Leh Adventure est bancal. Nous vous conseillons de condenser les deux premiers jours en un seul. Zappez Spituk, les huit premiers kilomètres et la nuit à Zingchen. À partir de la porte que nous avons mentionnée (celle-ci), il reste 14km et 700m de dénivelé positif pour atteindre Rumbak.

Pour raccourcir à une seule journée au départ de Leh, il est possible de trouver des taxis (avec de bons amortisseurs) qui acceptent de déposer à Rumbak, il ne vous reste alors que la plus belle partie, de Rumbak à Stok. Le hic, c’est ce col à 4 855m. Si vous n’êtes pas récemment passés par ces altitudes, alors il est préférable de dormir une nuit en altitude intermédiaire en guise de palier, et Rumbak est tout indiqué, du haut de ses 4 000m.

S’orienter sur le trek de Spituk à Stok

Ce tracé n’est pas balisé, en dehors parfois d’un mini signe ou d’un cairn. Les applis Maps.me et Wikiloc (cette trace GPS précisément) nous ont aidés. Mais nos repères principaux étaient… les crottes de chevaux !

Prenez vos précautions, car on ne capte aucun réseau sur la majeure partie du parcours, notamment à Rumbak.

Se loger à Zingchen

Dans le premier village, que nous avons zappé, il ne semble n’y avoir qu’un seul homestay, fermé lors de notre passage, pourtant indiqué par un panneau à l’entrée du village. Notre chauffeur de taxi nous a confirmé qu’il était encore en activité. Il aurait fallu que nous attendions le retour des propriétaires.

Se loger à Rumbak

Pas de réservation possible, mais pas d’inquiétude, il y aura forcément de la place quelque part. Avec le système de roulement, une famille vous est attribuée à l’arrivée. Le prix est le même quel que soit le logement : 1500 roupies par personne, incluant dîner, petit déjeuner et pique-nique.

Nos conditions d’hébergement étaient très sommaires. Il ne faut pas être trop regardant sur le confort et la propreté, même si nos petits doigts nous disent que certaines maisons sont mieux que d’autres (chauffe-eau solaire sur le toit). Apportez vos sacs à viande (draps de sacs), car les couettes ou couvertures ne sont pas forcément nickel.

Sinon, l’accueil semble toujours très gentil, les repas du soir sont copieux et préparés sans soucis d’hygiène. Le panier du midi est moins fourni. Notre famille ne proposait pas de bouteilles d’eau, elle possédait juste un filtreur à charbon actif, que nous avons complété par sécurité avec des pastilles Micropur.

Se loger à Stok

Stok est plus grand et moins reculé. Il semble y avoir plusieurs chambres d’hôtes vers le haut du village, proches de la fin du trek. Pour notre part, nous avons trouvé une place chez Highland Amara (ici sur Google Maps). Grand lit confortable, excellent dîner (avec même un dessert) et discussions sympathiques : tout pour terminer en beauté la randonnée avant de rentrer à Leh. Nous avons payé ~55€ pour deux, dîner et petit déjeuner inclus. Ils peuvent même probablement venir vous chercher à la fin du trek en voiture si vous les appelez, tellement ils sont serviables. Le taxi retour vers Leh nous a demandé 700 roupies.

Météo

Attention à la présence possible de neige sur la partie la plus haute, hors des mois estivaux. Et même en été, prévoyez des vêtements chauds et imperméables au cas où la météo tournerait. Début septembre, nous avons échappé de peu au mauvais temps, il neigeait sur le col le lendemain de notre passage !

Alternative plus longue

Le trek de la Markha Valley est très réputé parmi les randonneurs, avec des villages réguliers pour séjourner chez l’habitant et des tentes à louer à la seule étape sans village. Il se parcourait traditionnellement en huit jours, mais l’extension récente des routes fait qu’il est désormais possible de l’adapter en ralliant la plupart des villages en taxi. Pour plus d’infos, nous vous redirigeons vers notre collègue l’Apprentie Voyageuse.

 

Nous avons réalisé ce trek de Spituk à Stok début septembre 2024.

 
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