Aujourd’hui, nous allons vous révéler le secret le moins bien gardé de Sicile. Une ville où tout le monde accourt, mais dont personne ne veut repartir : la belle Syracuse. Nous y avons passé quatre jours sous un délicat soleil hivernal, nageant dans le bonheur, des étoiles de mer plein les yeux et un carnet en poche pour noter toutes nos impressions et conseils.
Cet article vous présentera en pagaille :
- la douceur de vivre à Syracuse,
- les vieilles rues les plus débordantes de verdure,
- un temple grec camouflé en cathédrale,
- nos adresses préférées,
- une foule de chats semi-sauvages,
- un vieux savant à tendance naturiste,
- une idée de promenade alentour à vélo,
- les photos de Mi-fugue, exaltée par Syracuse,
- des aquarelles du carnet de Mi-raison, non moins inspiré,
- fin de la liste.
- stop.
- fini.
- allez lire plus bas.
- zou !
- (Ha ! C’est nous qui gagnons !)
Une petite histoire de Syracuse
Ne paniquez pas à la lecture de ce titre, nous ne comptons pas vous assommer avec une énumération de dates et de noms. Juste quelques faits qui en disent long sur Syracuse.
Première chose à savoir : la ville est née grecque et reste profondément imprégnée par ses origines. Par exemple, à peine débarqués, nous sommes accueillis par les ruines du temple d’Apollon.
Mais les Grecs n’ont pas posé leurs baluchons au hasard, ils ont choisi un îlot facile à défendre, qu’ils ont nommé Ortygie, devenu Ortigia en italien. Aujourd’hui, l’îlot est entièrement recouvert de ruelles piétonnes qui, pour notre plus grand bonheur, s’achèvent toutes… sur la mer !
Même si Ortigia ne représente plus que 10% de Syracuse, c’est là que nous passons 90% de notre temps. Sitôt délestés de nos bagages, nous galopons dans les ruelles, frappés par leur beauté surannée.
Certaines façades arborent des couleurs ocre, d’autres exhibent leur pierre de taille (parfois très travaillée, comme cette demeure agrémentée d’une rangée de moustachus).
La star incontestée de Syracuse est Archimède, le célèbre savant grec. L’histoire raconte qu’il eut son fameux éclair de génie en entrant dans son bain et qu’il s’élança aussitôt dans les rues sans prendre le temps de remettre son slip, en criant EURÊKA (j’ai trouvé) au milieu des passants médusés. Archimédusés.
Ses conseils stratégiques, machines de guerres et autres inventions auraient permis de contenir les attaques romaines pendant douze mois de siège. En particulier un système capable de renverser les navires ennemis et un autre qui enflammait les voiles à distance. Légende ou réalité ?
Poursuivons. Notre monument grec préféré est un temple à la gloire d’Athéna, avec sa forme caractéristique de temple grec :
Comment cela, pas grec ?
Oh pardon. Nous avons oublié de préciser que des petits malins s’étaient amusés à le maquiller de la tête aux pieds pour en faire une cathédrale. Mais en observant méticuleusement l’édifice, des colonnes striées d’origine restent visibles sur le flanc gauche ainsi qu’à l’intérieur.
La piazza Duomo, qui sert de parvis à la cathédrale, est sans conteste la place la plus élégante de Syracuse. Ses bâtiments se battent pour le titre de la plus belle façade baroque et nous rendent encore un peu plus amoureux de l’architecture du sud-est de la Sicile.
Comme partout où ils s’implantaient, les Grecs ont fourni à Syracuse une série de mythes. L’un d’eux concerne la source de la fontaine d’Aréthuse. Nous ne la trouvons pas très impressionnante, avec son bassin, ses trois canards et ses douze papyrus. Mais le fait qu’il s’en écoule une eau douce naturelle, à quelques pas de la mer, a inspiré les poètes antiques qui y ont vu une déesse métamorphosée.
Juste à côté, se trouve un parc planté de quatre banians aux dimensions si spectaculaires, que nous soupçonnons leurs racines de s’abreuver à la source magique.
Dès l’antiquité, Syracuse fut victime de son succès. Les Grecs ont fini par se trouver bien à l’étroit sur l’île d’Ortigia, surtout lorsqu’il fallut construire un théâtre de quinze mille places. Les nouveaux quartiers furent appelés… Néapolis, nouvelle ville en grec (petit manque d’inspiration sur ce coup).
Pour les passionnés d’Antiquité, c’est donc au parc archéologique de Néapolis que la promenade se poursuit. De notre côté, le tarif un peu élevé (13€) et le fait qu’une partie du parc soit temporairement fermée lors de notre passage nous refroidit. Nous échangeons la visite contre une sieste en bord de mer.
Ortygie : charme total, dolce vita fatale
Flâner dans les ruelles de Syracuse est très très très agréable. C’est à cela que nous passons le plus clair de notre temps, débusquant sans cesse de nouveaux passages secrets peuplés de félins et de plantes exotiques, telle la via del Crocifisso.
Mi-fugue galope avec son appareil photo, tandis que Mi-raison prend racine avec son carnet et sa palette d’aquarelle, mais nous sommes d’accord pour dire que la ville est diablement photodessinogénique.
Ajoutez à toutes ces beautés quelques églises, Italie oblige. Par exemple l’église Santa Lucia ou encore l’église sans toit Giovannello, dans laquelle sont célébrées des messes à ciel ouvert.
Comme l’île est petite, nous tanguons de part et d’autre pour nous émerveiller des lumières qui évoluent. Comme son nom l’indique, c’est sur le Lungomare di Levante (bord de mer du levant) que le lever de soleil s’admire le mieux.
Évidemment, la foule est beaucoup plus présente sur le Lungomare d’Oriente à l’heure du coucher de soleil. Spritz et bonheur coulent à flot sur l’alignement de terrasses.
Un petit bar a décidé de s’installer du côté du levant pour ne pas faire comme les autres. Si vous avez l’esprit rebelle ou simplement envie d’un verre au calme, il s’agit du Calarossa Caffè.
Grâce à notre profonde connaissance d’Ortigia, nous vous avons concocté une suggestion d’itinéraire permettant de découvrir les plus belles ruelles :
Est-il possible de se baigner à Ortigia ?
Oui, il existe des micros plateformes au pied des murailles de la vieille ville, et même une mini plage ! Notre météo idyllique jetait même les premiers courageux de l’année à l’eau. Cependant, elles sont bondées en été. Il est donc nettement plus simple d’en profiter si vous venez en basse saison et n’êtes pas frileux !
Le marché d’Ortigia
Chaque matin excepté le dimanche, se tient un marché sur la via Emanuele de Benedictis derrière le temple d’Apollon. L’occasion d’apprécier les vocalises du poissonnier et de s’imprégner de la gastronomie locale. Car la Méditerranée est à l’honneur, avec des montagnes d’olives, de tomates séchées, de pistaches, ou encore des cédrats géants.
Sans oublier la passion des Italiens pour les artichauts !
Si le tohu-bohu ne vous dérange pas, un arrêt chez Caseificio Borderi s’impose. L’épicerie étale ses tables entre les caisses de choux-fleurs et d’oranges et prépare les meilleurs paninis du coin. Il n’y a pas de menu : vous précisez ce que vous aimez, ou plutôt ce que vous n’aimez pas, et recevez dans une boîte de sardines recyclée un délicieux monstre qui déborde de garniture.
Bicyclette en bord de mer, au nord de Syracuse
Et si jamais vous commencez à vous lasser de tournicoter sur l’île d’Ortigia (difficile à croire mais admettons), nous vous recommandons une escapade à vélo le long de la côte. Une ancienne voie de chemin de fer a été transformée en balade piétonne et cyclable sur près de 6km, jusqu’à la Punta Cannone.
Sauf quelques immeubles au démarrage, nous sommes surpris de découvrir une côte restée sauvage. Il ne faut pas s’attendre à un parcours bucolique pour autant, une bonne partie de la promenade ressemble à un terrain vague. Ce n’est qu’en bifurquant de temps en temps pour nous approcher de la falaise que… WAOUH… nos yeux succombent face à l’eau archi turquoise et aux amusants rochers qui s’y baignent !
En chemin nous dépassons des arches naturelles (pas simples à trouver)…
… une usine de thon abandonnée…
… et une mini-source d’eau située à 60cm de la mer. Enfin, nous atteignons une sorte de point de vue sur un paysage brumeux, où des fumées de raffineries se confondent avec celles de l’Etna. Hop, demi-tour !
En résumé, la balade était agréable, mais ce que nous avons préféré était notre pause d’une heure dans une crique, seuls au monde. Pour l’aspect pratique, nous avons loué de beaux vélos neufs chez Siracusa Tour Bike, un loueur de confiance, pour 14€ les quatre heures. Évitez les jours de chaleur, car il n’y a aucune ombre.
Notre avis sur Syracuse
Syracuse est tout simplement notre endroit préféré de Sicile, devançant Palerme à un poil de moustache de pizzaiolo près. Pourtant, lorsque nous avions traversé la Sicile douze ans plus tôt, la cité grecque ne nous avait pas spécialement marqués. Nous n’y avions passé que trois petites heures avant de filer dormir plus loin. Nous vous conseillons donc vivement d’y passer au moins une nuit, voire deux ou trois, de prendre le temps de boire des cafés en terrasse, de bouquiner en bord de mer et de laisser infuser ce mélange de beauté, de patrimoine et de détails charmants qui font la ville.
Vous toucherez alors le ciel du doigt, comme disent les Italiens !
Cela vous permettra au passage de vous promener dans la Syracuse nocturne, qui est môôôôôôgnifique !
Conseils pratiques pour visiter Syracuse
Train entre Catane et Syracuse
Il existe des bus, mais les trains sont assez efficaces sur ce tronçon, à condition de ne pas choisir le train-couchette qui arrive du continent, souvent en retard. Comptez 7€60, 1h20 de trajet et ajoutez 15 minutes de marche (ou un coup de navette gratuite) pour rejoindre la vieille ville.
L’affluence à Syracuse
Nous avons croisé beaucoup de monde, pour un début de janvier. Les touristes se passent le mot depuis longtemps et vous ne serez donc pas seuls, surtout à l’approche de l’été. La ville sera toujours aussi belle, mais nos commentaires sur sa douceur de vivre ne seront peut-être plus valables. Ajoutez à cela qu’avec le dérèglement climatique, les canicules sont sévères dans la région (Syracuse détient le record d’Europe de température).
Où loger à Syracuse
Pour ne pas perdre une miette du charme syracusien, nous conseillons de loger sur l’île d’Ortigiai. Et de réserver tôt, car les meilleurs logements partent vite.
En basse saison, nous sommes parvenus à trouver un studio pour 50€ la nuit, hélas nous ne le recommandons pas car sombre, froid et humide. Les appartements de son genre, c’est-à-dire en rez-de-chaussée avec porte qui donne directement sur la rue, sont nombreux dans la vieille ville et proposent les meilleurs tarifs. Mais nous avons regretté de ne pas mettre un peu plus cher pour gagner en confort.
À refaire, nous irions par exemple chez Le Nuvole (~78€ petit-déjeuner compris)i, une jolie chambre d’hôtes idéalement située.
Où manger à Syracuse
Syracuse est une ville pour les gourmets. Toutes les adresses que nous avons testées étaient délicieuses ! Par exemple :
- Le restaurant Moon, qui prépare une excellente cuisine italienne en version végétale. Nous y avons mangé un risotto divin et des pâtes à la carbonara tout aussi réussies, le tout servi en terrasse dans une petite rue.
- Le Café Apollo, face aux ruines du temple d’Apollon, pour un jus d’orange pressé et les meilleures viennoiseries d’Italie. Le seul hic est qu’il est difficile d’attraper une table libre.
- Pour un petit-déjeuner plus calme, filez chez Irma la Dolce qui installe quelques tables sur une placette piétonne lorsqu’il fait beau (fermé les jours de pluie). Idéal pour démarrer la journée en douceur avec de bonnes boissons chaudes, du pain grillé, des pancakes ou un granola.
Où prendre un verre à Syracuse
- Nous vous avons parlé d’un bar installé à l’opposé du coucher de soleil. Il est très agréable pour siroter un spritz accompagné de bruschette dans une ambiance sans chichi. Son nom : Calarossa Caffè.
- Et pour déguster un bon vin sicilien sans vous ruiner, laissez-vous conseiller par l’Enoteca Solaria, au pied d’un beau théâtre baroque.
Un article à savourer en écoutant du Henri Salvador… (Syyyracuse)
Merci pour ces magnifiques photos, superbes aquarelles et ces descriptions qui nous transportent directement sur place !
Merci à toi !
Bonjour mi fugue et mi raison!
Merci pour ce partage ! Nous suivons vos aventures qui nous portent et nous conseillent dans nos voyages !
Vous êtes toujours en Sicile ?
Merci Margot ! Non, on n’y est plus, c’était il y a déjà un an. Depuis on a visité l’Irlande, le Cap Vert et la France… les récits sont à venir !
Merci pour cet article bourré d’humour comme toujours ! La Sicile est une destination qui m’attire de plus en plus :O
Coucou Clara,
Ah ça, on te comprend, comment ne pas être titillée par une belle île pleine de traditions !
J’ai fini par tomber dessus un peu tard, mais belle retranscription de l’endroit, où je viens de séjourner plusieurs semaines.
Nous sommes en phase sur notre ressenti urbain comme restant le plus plaisant de la Sicile.
Très bonne idée la carte, vous avez fait toutes les ruelles méthodiquement, on dirait 😉
Il manque la basilique Madonna delle laCrime, véritable ovni se dégageant de la skyline, même s’il y a à redire sur le style…
Sympa Syracuse comme cadre pour plusieurs semaines ! Et oui, la basilique Madonna delle Lacrime tranche vraiment avec le reste.
Il est dommage que Syracuse ait cédé à la mode Ibiza , savoir de la musique techno à fond et partout dans les restaurants bord de mer dès le matin et dans la baie elle même gâchant la sérénité nocturne (voire diurne dans la baie) le week end. Cette musique de Syracuse de 9h00 du matin à 3h00 du matin est dérangeante et rend fou. Cela gâche beaucoup.
Aïe c’est dommage oui ! Bien contents d’avoir visité Syracuse l’hiver alors.
Je vais à Syracuse dans quelques jours alors merci pour votre témoignage.
Gisele
Merci pour le petit message, on te souhaite une belle visite !