La Kakhétie est HIPS! vraiment une région HIPS! bien agréable. Après notre séjour d’un mois à Tbilissi, nous nous remettons en route vers l’est pour poursuivre notre visite de la Géorgie… et parachever au passage notre connaissance des vins géorgiens ! C’est ainsi que nous débarquons pour quelques jours à Sighnaghi, un village perché dans les collines, comme pour mieux surveiller les vignes qui peuplent la vallée à perte de vue.
Seulement voilà, le jour de notre arrivée à Sighnaghi, l’horizon est trouble comme un lendemain d’ivresse. Un cheptel de nuages a décidé de faire du tourisme au même moment que nous et c’est une véritable purée de pois qui nous accueille, mêlée à de la pluie. Bref, un temps à déguster du vin !
Nous n’avons pas à attendre longtemps : notre maison d’hôtes nous accueille avec un pichet de rouge. Pas n’importe quel rouge, leur rouge. Ici, chaque famille élabore son propre vin, généralement à partir des vignes soigneusement suspendues autour de chez elle, parfois en possédant carrément une parcelle un peu plus loin.
Est-il bon ?
Et comme nous sommes en pleine saison des vendanges, nos hôtes nous présentent le prochain millésime. Il commence tout juste à fermenter dans une grande cuve, au milieu des pastèques du jardin. Ils prévoient une année record : 400 bouteilles. Et tout est naturel, nous précisent-ils, sans chimie ajoutée.
À la découverte de la Kakhétie
Le lendemain, nous décidons de laisser le pinard de côté et de nous intéresser aux aspects plus culturels de la région. Mais chassez le vin naturel, il revient au goulot. Les employées de l’office de tourisme de Sighnaghi n’ont que deux expressions à la bouche : visite de cave et dégustation de vin. En fouillant un peu, nous concevons un circuit contenant AUSSI des points d’intérêt normaux, c’est-à-dire où le coude peut rester baissé.
Puis nous repérons, sur la place principale, quelques hommes qui s’ennuient autour de vieilles Mercedes. Ce sont les chauffeurs de taxi. Nous en choisissons un au hasard, lui expliquons notre programme et… roulez jeunesse ! Honnêtement, nous ne sommes pas friands de ce genre de régions pauvres en transports en communs qui obligent à trouver une voiture. Heureusement, la sympathie de notre chauffeur compense.
Nos découvertes de la journée comprennent :
1) la grande forteresse de Telavi, en plein centre de la ville du même nom,
2) des milliers de vieilles Lada sur les routes, à croire que toutes celles de Géorgie viennent passer leur retraite en Kakhétie,
3) le monastère de Gremi, perché sur une butte, pas particulièrement intéressant si ce n’est pour les très anciennes peintures intérieures,
4) des camions qui débordent littéralement de grappes de raisin, signes que les vendanges progressent bien,
5) un autre monastère, celui de Nekressi, perché sur une haute colline avec une belle vue sur les environs,
6) le lac Ilia, censé être un lieu idéal pour se baigner en été, mais que nous découvrons quasiment vide en septembre,
7) des panneaux fléchant des vignobles au moins tous les cent mètres,
8) l’immense cave Khareba avec ses 7,7km de tunnels creusés à l’époque soviétique pour entreposer des montagnes de bouteilles et qui propose des dégustations à 12 ou 15 laris (4 ou 5€) par personne,
9) un embouteillage ovin, somme toute assez classique de la région,
10) et enfin, une pause chez Kindzmarauli, un vignoble connu qui propose des tours guidés de ses installations mais que nous avons visité seuls car nous n’avions pas compris…
Voilà pour la région de Kakhétie ! Rien d’époustouflant, mais une promenade dépaysante dans la campagne géorgienne.
Le monastère de Bodbe
Le troisième jour, malgré les nuages qui persistent et notre début de saturation des monastères, nous choisissons de rendre visite à celui de Bodbe. Pas besoin de taxi pour celui-ci, il ne se trouve qu’à 2,5km à pied de Sighnaghi.
À son approche, nous comprenons que Bodbe n’est pas un monastère lambda. Il y a foule. L’explication est simple : il s’agit du lieu où repose Nino, sainte parmi les saintes géorgiennes, venue avec sa petite croix pour apporter le christianisme dans le pays. Visiblement ça a bien fonctionné.
Le lieu est joli et parfaitement entretenu. Surtout, une église flambant neuve vient de sortir de terre, la plus belle de Géorgie selon nos petits doigts. De l’extérieur en tous cas, car l’intérieur n’est pas terminé.
De là, un chemin descend en dix minutes à une source d’eau aux propriétés miraculeuses. Nous avons demandé le retour du soleil.
Visite de Sighnaghi sous le soleil
Le quatrième jour, miracle, le soleil revient ! Sighnaghi revit par la même occasion. Les habitants sortent, bavardent dans les rues, rouvrent leurs petits stands de glaces ou de chacha… Maintenant que l’horizon est dégagé, nous profitons de la vue sur les montagnes du Grand Caucase, avec quelques sommets enneigés tout au fond. Aaaah, nous saisissons beaucoup mieux les attraits de ce village !
Au-delà de ses jolies maisons, de ses balcons en bois et de ses petites églises, Sighnaghi possède de puissants remparts, sur lesquels il est possible de grimper. Étrangement ceux-ci ne protègent pas le village mais… un grand morceau de forêt ! Les habitants se seraient-ils progressivement décalés vers l’extérieur des remparts en abandonnant de vieux quartiers ?
Le matin est le meilleur moment pour visiter Sighnaghi, encore tout calme. Vers 11h, changement d’ambiance quand les touristes affluent, probablement à la journée depuis Tbilissi.
Nous mettons du temps à comprendre comment le village est formé et nous passons à deux doigts de son quartier le plus calme et mignon, derrière la mairie et le musée. Il respire la tranquillité géorgienne, non ?
Pour conclure, nous allons vous chuchoter les deux meilleurs points de vue que nous avons débusqués sur Sighnaghi. Gardez-les pour vous ! Le premier et plus simple d’accès se situe à côté de la cabane qui propose des vols en tyrolienne, sur la route qui mène au monastère de Bodbe.
Il est déjà pas mal, mais il y a mieux encore : le bien-nommé restaurant The Terrace. La vue est spectaculaire et, pour ne pas en rater une miette, nous vous conseillons d’arriver largement avant le coucher de soleil.
Notre avis sur Sighnaghi
Nous confirmons la rumeur selon laquelle Sighnaghi serait le plus beau village de Géorgie. Nous avons beaucoup apprécié ses petites rues et sa sérénité, malgré l’afflux de touristes en journée. Trouvez-vous une guesthouse agréable et restez-y deux ou trois nuits, voire plus si vous êtes amateurs de vin.
Notre avis sur les vins de Géorgie
Nous avions entendu et lu qu’ils étaient… bof bof.
Nous avons trouvé les vins géorgiens délicieux et ils méritent que l’on s’y intéresse de près. En revanche, il vaut mieux connaître quelques subtilités avant de se jeter sur la première bouteille venue. Déjà, les Géorgiens différencient les vins à vinification traditionnelle (qvevri) et ceux à vinification européenne. Les premiers ont des goûts aléatoires, parfois agréables mais d’autres fois âpres. Nos palais sont plus habitués aux seconds. Enfin, les vignerons n’hésitent pas à produire du vin rouge doux (sweet ou semi-sweet), avec une saveur de jus de raisin prononcée qui peut s’avérer surprenante. Si vous avez peur, commencez avec un rouge sec à vinification européenne et vous constaterez qu’ils valent largement les vins français, espagnols, italiens…! C’était notre avis de non-experts.
Conseils pratiques pour visiter Sighnaghi et la Kakhétie
Où dormir à Sighnaghi
Comme partout en Géorgie, nous vous recommandons de choisir une chambre d’hôtes (guesthouse) plutôt qu’un hôtel car leur rapport qualité-prix est excellent, tout comme l’accueil. Nous en avons testé deux à Sighnaghi :
- Best Host (~17€ la chambre double)i : tenue par deux femmes enjouées. Seul problème, une odeur d’égout envahissait notre salle de bain.
- Guesthouse Vista (~30€ la chambre avec balcon)i : tenue par un homme plus discret mais qui s’applique beaucoup. Nous avons choisi la chambre avec balcon privé et avons bien profité de la superbe vue sur le village. Mention spéciale pour l’énorme petit déjeuner sucré et salé à 8 laris seulement par personne, qui nous calait pour deux repas !
Trajet entre Tbilissi et Sighnaghi
Un bus part pratiquement toutes les deux heures (7h, 9h, 11h, 13h, 16h et 18h) du terminal de bus Navtlugi proche de la station de métro Samgori. Attention, les bus sont souvent déjà pleins 30 minutes avant le départ et les derniers passagers s’assoient sur des strapontins peu confortables. Durée 2h, prix 6 laris. Les horaires sont les mêmes pour le trajet retour.
Tour de la région en taxi
Nous avons payé 100 laris pour la journée. Un tarif qui nous semblait élevé mais finalement raisonnable pour 7h d’excursion et bien moins cher que les tarifs proposés par les guesthouses. Si vous repérez notre chauffeur, choisissez-le. Il s’appelle Maïsé, pas très anglophone mais sérieux, avec un petit sourire en coin et une grosse Mercedes bleu marine.
Musée national de Sighnaghi
Il présente une petite collection d’objets anciens, mais surtout une salle dédiée à Pirosmani, le peintre le plus célèbre de Géorgie. Un bon refuge en cas de pluie. Prix 5 laris pour une vingtaine de minutes de visite.
Restaurant The Terrace
Celui-ci ne se contente pas d’offrir une superbe vue sur la ville, il est aussi particulièrement bon. La seule difficulté est de le trouver car la route qui y mène n’est pas tracée sur Google Maps. Une fois arrivés à ce croisement depuis le centre de Sighnaghi, prenez la route qui part à droite et montez. Marchez 800m environ, la route se transforme alors en chemin de graviers mais il faut y croire. Le menu est géorgien classique, les prix sont corrects et leur vin Kindzmarauli servi au litre (14 laris) est bon, très fruité.
Voilà qui donne envie d’arpenter les jolies rues pavées et de s’arrêter aux étals… Et bravo au dessinateur qui s’est vraiment attelé à la tâche 🙂
Le dessinateur s’excuse, il tâchera de ne pas en mettre partout la prochaine fois !
En voilà un article qui a du être dur à rédiger… Mais un grand merci pour votre admirable dévouement pour nous faire découvrir les délicieux vins géorgiens 😉
Bonne continuation.
Virginie
Ah ça n’a pas été facile ! Heureusement qu’on est prêts à tout pour nos lecteurs 🙂
Holà, un pays avec du vin, ça va finir de convaincre Guillaume !! Est-ce qu’on y mange du bon raisin et du bon jus de raisin ? Merci pour la visite !
Oui, le raisin est délicieux à l’automne ! On est tombés sur des stands au marché avec dix variétés différentes, toutes plus bonnes les unes que les autres. En revanche on n’a pas vu de jus de raisin… mais on n’a pas vraiment cherché en même temps !
Bonjour
Nous partons en Géorgie le mi-juin
Vous dites que la journée de taxi est environ de 100 laris. les taxis que j’ai trouvés sont beaucoup plus cher près de 3 fois. Comment avez vous fait pour trouver? Avez vous une adresse
Je vous remercie
Bonjour Roland,
Pour le taxi, il ne faut surtout pas essayer de le réserver à l’avance, vous n’aurez pas de bons tarifs. Sur place, le jour-même, vous trouverez très facilement des chauffeurs qui attendent les clients (notamment en face l’office de tourisme, en plein centre de Sighnaghi). Ce sont même probablement eux qui vous trouveront les premiers.
Si cela vous inquiète, vous pourrez aller leur parler la veille ou demander à votre hébergement d’en contacter un pour vous.
À bientôt !
Je m’ intéressais beaucoup à l’histoire du vin, et quand je voyais pour la prémiére fois à la télévision des programmes qui parlaient de l’origine certaine du vin à partir de son berceau qui était sans doute la géorgie, et plus précisément dans sa région de kakhétie à l’est du pays géorgien, dans le caucase, je n’imaginais pas que le vin eusse une origine aussi lointaine dans le temps en atteignant des plus de 8.000 à 10.000 ans d’existence au monts caucasiens et que sa première vinification occurrait dans des jarres de terre cuite, appelé kvevri pour les locaux, alors je me réjouis en effet qu’aujourd’hui quand je me délecte dans un verre de vin, ça n’était possible que grâces à eux les géorgiens…!!!
Salut Waldir, eh oui c’est fou cette histoire qui remonte à si loin !
A vous lire je ne suis pas sure, cela vaut le coup de venir dans cette région ou si il y avait une région à supprimer car nous manquons un peu de temps ça serait celle là?
À vous de voir selon vos goûts, mais les autres régions sont plus spectaculaires et plus adaptées à la rando !