Des virages… Des nuages bas… Des rayons de soleil qui les traversent par endroits et illuminent d’impressionnantes montagnes… Voilà notre comité d’accueil en Équateur, après le passage de la frontière colombienne. Nous sommes également accueillis par des policiers, qui arrêtent notre bus à deux reprises et prennent le temps de dévisager chaque voyageur.
C’est que le gouvernement équatorien est tracassé. Peu avant notre arrivée, un guerillero colombien a traversé la frontière et commencé à faire des siennes dans le nord du pays. Autant les Colombiens ont l’habitude de gérer ce genre de cas, autant les Équatoriens se trouvent désemparés. Toutes les forces possibles sont déployées pour retrouver le fauteur de troubles. Nous les laissons à leur travail…
Après cet aparté, revenons-en aux paysages. Ils sont tout simplement grandioses, aussi majestueux que dans nos souvenirs. Car oui, nous sommes déjà venus en Équateur trois ans plus tôt. C’est même ici que nous avons décidé de changer de vie pour voyager ! À l’époque, limités par l’incorruptible compteur de congés, le circuit de quinze jours nous avait laissés sur notre faim. Cette fois, nous revenons pour cinq longues semaines, bien conscients de notre chance. Et comme, entre temps, nous avons développé une passion pour la randonnée et la montagne, nous décidons de concentrer ce nouveau séjour sur les Andes, c’est-à-dire la partie centrale du pays, entre l’océan et l’Amazonie.
L’avantage de séjourner sur les hauteurs de la Cordillère des Andes, c’est la fraîcheur. L’Équateur a beau se situer en plein sur la ligne imaginaire du même nom, les températures y sont agréables toute l’année, voire un peu fraîches. Et concrètement, nous préférons enfiler un pull plutôt que de subir la chaleur moite des côtes ou de l’Amazonie !
Otavalo, tresses sans stress
À Otavalo, nous démarrons notre séjour équatorien en douceur, à 2500m d’altitude. Nous n’attendons rien de spécial de cette ville et nous n’en sommes que plus agréablement surpris. Elle est paisible sans être monotone, car toujours un peu animée, y compris en soirée.
Ce que nous préférons à Otavalo ? Le look des habitants, indéniablement. Les Otavaleños sont de petite taille, ont la peau tannée et le regard fier. Surtout, ils portent tous une longue tresse. Femmes, hommes, jeunes, anciens… Et une bonne moitié des passants sont en habits traditionnels. L’anachronisme est saisissant lorsqu’ils se penchent sur leurs smartphones !
Les femmes portent :
- un haut blanc à fleurs brodées,
- une longue jupe,
- un poncho sur l’épaule,
- une vingtaine de colliers dorés,
- et parfois un morceau de tissu posé sur la tête pour se protéger du soleil.
Quant aux hommes, ils enfilent :
- un pantacourt ample blanc,
- des sandales blanches,
- un poncho
- et un chapeau
Les marchés d’Otavalo
Les traditions font la force de la ville, réputée pour son artisanat andin. Otavalo est le meilleur endroit d’Équateur où dégoter des couvertures en laine de lama, des chapeaux, des ceintures, des sacs en cuir, des bijoux, des hamacs, des vêtements et, bien évidemment, des ponchos sous toutes leurs formes. La « Place des Ponchos » trône d’ailleurs au centre de la ville, hébergeant chaque jour de la semaine un marché essentiellement touristique.
Le samedi, le marché d’Otavalo prend de l’ampleur et déploie ses étals colorés sur toutes les rues du centre. Nous nous attendons à y rencontrer des stands plus pittoresques, car davantage dédiés aux habitants qu’aux touristes. C’est le cas, sauf que, mis à part les paniers d’osier et quelques bijoux, nous avons surtout sous les yeux des objets made in China : jouets en plastique, outils de bricolage, fausses chaussures Adidas ou Puma, montres à trois francs six sous, brosses à baños… Mieux vaut faire ses emplettes sur la place des ponchos.
Nous sommes davantage surpris par le marché aux animaux qui s’installe, le samedi également, sur un terrain en bordure de ville. Pour le trouver, c’est comme pour chercher une boulangerie en France, il suffit de suivre les passants. Ils ont simplement une poule à la main plutôt qu’une baguette.
À l’entrée du marché, une haie d’honneurs nous accueille. Il s’agit de dizaines de vendeurs qui nous tendent un lapin, une poule ou une dinde sous le nez.
Tenez, savez-vous d’où vient le mot « dinde » ? Messire Colomb et ses successeurs pensaient avoir posé pied aux Indes. C’est ainsi qu’ils ont rapporté sur leurs bateaux ces « poules d’Inde », ensuite abrégées en français « dindes ».
Le cochon d’Inde, qui a pour sa part conservé son surnom entier, s’achète aussi au marché d’Otavalo. Les Équatoriens l’adorent. En revanche, ils préfèrent le rôtir à la broche plutôt que de lui faire une place dans la famille !
Tout le monde est affairé, personne ne fait attention à notre présence, les animaux et les dollars changent de main. Car oui, la monnaie officielle équatorienne est le Dollar américain.
Plus loin, de plus gros bestiaux sont échangés contre de plus grosses coupures : moutons, cochons, vaches, chevaux. Tout à coup, un cochon absolument gigantesque parvient à se libérer temporairement. Il fulmine et se met à courir au hasard.
Les passants s’enfuient et grimpent sur les grillages, sauf le courageux propriétaire qui se jette à ses trousses, récupère la corde et la noue à un poteau.
Rassurez-vous, les autres animaux sont bien plus paisibles…
Près d’Otavalo : la cascade de Peguche
L’avantage des petites villes, c’est que la nature n’est jamais bien loin. Plusieurs points d’intérêt se trouvent dans les environs proches d’Otavalo et semblent s’être concertés pour se positionner tous dans la même direction : l’est. Nous choisissons la cascade de Peguche, mais sachez qu’il est possible de prolonger la promenade à pied vers le mirador, le parc des condors (un zoo payant dédié aux oiseaux), l’arbre millénaire et le grand lac San Pablo.
Nous sommes pratiquement seuls durant toute notre marche, puis – surprise ! – le parking est rempli de pick-ups, ces énormes 4×4 avec une benne à l’arrière dont les Équatoriens sont friands. Nous débarquons sans le savoir en plein jour férié et la classe moyenne en profite pour prendre l’air en famille, avec les grands-parents et le dernier né sous le bras.
Fin mai, la période « plutôt humide » est en train de laisser sa place à la « plutôt sèche ». La végétation déjà très verte devient complètement exubérante à l’approche de la cascade.
La cascade de Peguche ne semble pas particulièrement impressionnante, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Sa puissance est telle qu’elle soulève des rafales de gouttelettes dignes d’un typhon japonais. Mi-raison s’approche quelques secondes à moins de dix mètres pour une photo et revient trempé jusqu’aux os !
La lagune de Mojanda et l’ascension du Fuya Fuya
Voici le point d’orgue de notre étape à Otavalo. Lorsque nous nous renseignons auprès de notre hôtel sur les randonnées des environs, le gérant nous désigne la plus haute montagne : le Fuya Fuya.
L’ascension peut se réaliser en deux heures seulement, mais elle est exigeante. D’abord à cause de la raideur de la pente, et ensuite parce que l’altitude dépasse les 4000m et rend le souffle particulièrement court.
Nous nous levons tôt car le temps se dégrade généralement l’après-midi. À sept heures, nous grimpons dans le taxi que nous partageons avec deux autres randonneurs de l’hôtel. Le conducteur monte lentement mais sûrement sur une ancienne route pavée et nous dépose à 3700m d’altitude, au niveau d’un étrange lac, la Laguna de Mojanda.
Les versants qui l’entourent sont couverts de grandes touffes d’herbes jaunies, balayées par le vent. Nous nous sentons davantage en Écosse que dans un pays tropical, mais nous avons beau guetter, nul monstre ne sort la tête de l’eau.
Le chemin est glissant, mais la nature est bien faite : les touffes sont là pour aider à se hisser. Entre celles-ci, nous ne faisons que repérer de nouveaux types de fleurs, de nouvelles couleurs. Le sommet, lui, se cache dans les nuages.
Une fois parvenus sur une sorte de corniche, coup de théâtre, nous remarquons que le Fuya Fuya possède deux sommets ! L’un à droite, l’autre à gauche. Seulement, la vue est bouchée, archibouchée par les nuages. S’ajoutent à cela une pluie fine et un thermomètre qui ne doit plus être très loin du zéro. Nous superposons toutes nos couches et nous cachons sous nos parapluies.
Et puis, miracle ! Les nuages s’écartent, nous retrouvons la vue sur le lac. Cela valait la peine de patienter !
Si vous êtes en forme, nous vous recommandons fortement cette magnifique grimpette. Si vous ne souhaitez pas monter aussi haut, renseignez-vous sur la Lagune de Cuicocha, également située dans les alentours d’Otavalo.
Conseils pratiques pour visiter Otavalo
Où dormir à Otavalo
Nous avons choisi l’hôtel El Andariego (~35€)i, situé juste à côté d’une jolie place. L’accueil est excellent, le gérant est particulièrement investi et fournit une multitude d’infos utiles. Enfin, il est possible d’utiliser librement la cuisine commune pour économiser sur le budget nourriture.
Restaurants
Nous avons trouvé les prix globalement élevés pour des plats peu à notre goût. Grande exception avec La Cosecha, superbe pour le petit-déjeuner. Il s’agit d’un café à la fois rustique et cosy (si si, c’est possible !). Si les prix semblent un peu élevés au premier abord, ils sont compensés par des portions généreuses. Le chocolat chaud est incroyable.
Randonner sur le Fuya Fuya, près de la lagune de Mojanda
Comme aucun bus ne s’y rend, il vous faudra emprunter un taxi jusqu’à la lagune de Mojanda. Le tarif est fixe et non négociable : 15$ l’aller, soit 30$ avec le trajet du retour. Conseil : si vous logez dans le même hôtel que nous, le gérant peut réserver un taxi fiable pour vous, c’est-à-dire un taxi qui n’oubliera pas de venir vous chercher à l’heure prévue à la fin de votre randonnée. Si vous prévenez le gérant suffisamment tôt, il peut aussi proposer à d’autres voyageurs de monter le même jour, afin de partager les frais. Sur place, vous repèrerez assez facilement le chemin qui grimpe vers le sommet. Sans nous presser, nous avons mis 2h pour monter, sommes restés 30 minutes en haut et sommes redescendus en 1h30.
Transport en bus de Quito à Otavalo
Les bus sont fréquents et vous ne devriez pas avoir à attendre plus de quinze minutes au terminal nord de Quito, appelé terminal Carcelén. Prix 2,5$, durée 2h. Attention, les vols sont apparemment fréquents sur ce trajet. Gardez vos affaires précieuses sur les genoux.
Transport entre la Colombie et l’Équateur
Nous donnons toutes les informations pratiques en bas de cet article à propos du sud de la Colombie.
Bonjour,
Alors ça y est fini le hamac, les plages désertes et les couchers de soleil.
Vous êtes totalement accroc aux randonnées.
Je vous comprends, je suis impatiente de vous suivre en équateur, cela fait partie de nos pays sur notre shortlist.
Excellente continuation.
Virginie
Oh, ce n’est pas vraiment terminé, on sera heureux de retrouver une eau turquoise et des cocotiers la prochaine fois… mais disons qu’on s’ennuie plus rapidement sur une plage qu’en haut de la montagne !
De très belle photo, je trip en regardant tout ce beau voyage que vous faites…be free be happy!
Merci, merci ! On te souhaite de très beaux voyages à toi aussi !
Otavalo, merveilleux souvenir, et vous relatez bien l’ambiance. Comme vous je suis tombé amoureux de la Cordillère et suis resté concentré sur la partie centrale. Mais j’ai raté le Fuya-Fuya qui a l’air très sympa !
Ah, si tu regardes bien, il y a des hommes à tresses sur les photos, mais c’est vrai qu’on n’a pas de photo zoomée…
Il y a trois ans on était descendus de la Cordillère pour l’Amazonie et le Pacifique, c’était intéressant mais pas particulièrement beau. Les montagnes, elles, sont sublimes !
Bon, ça commence bien l’équateur !! L’attachement aux traditions encore fort?! La suite, la suite !! Biz
Oui, Otavalo nous a directement mis dans l’ambiance équatorienne de la meilleure façon possible ! Les traditions sont intéressantes dans le pays, malheureusement moins marquées dans les grandes villes. À bientôt !
Très beau blog voyage, on s’en inspire beaucoup pour nos activités et notre itinéraire ! merci beaucoup!
Merci, c’est gentil ! Vous êtes en ce moment en Équateur ? Si c’est le cas faites la bise aux vigognes de notre part !
Oui et on adore! Ok nous n’y manquerons pas 😉
Bonjour à tous les deux,
On vient de passer une petite semaine à Otavalo et on voulait vous remercier pour votre article ! Pour ceux qui passeront après nous, le taxi pour Fuya Fuya tombe à 25/26$ quand la météo est bonne. L’hostal Chasqui dans les mêmes tarifs que le vôtre propose aussi ce service. Et dans la région la laguna de Cuicocha vaut vraiment le coup également !
On poursuit vers le Quilotoa, toujours en vous lisant 😊
Salut les amis aventuriers !
Merci pour ces infos toutes fraîches. Alors, est-ce que l’Équateur vous plaît ?
Bonnes balades à vous vers Quilotoa