Carnaval de Mindelo : le Cap-Vert en fête !

Tututuuu tadidadoum tidoum doum pouêt pouêt !!! Mince, ça reste en tête ! Lorsque nous avons réalisé que notre voyage au Cap-Vert coïnciderait avec le carnaval de Mindelo, nous avons réorganisé notre séjour autour de ce jalon.

Si vous-mêmes envisagez une visite du Cap-Vert en hiver, nous vous recommandons vivement de viser cet événement festif et joyeux, ce spectacle grandiose !

Le carnaval de Mindelo se déroule chaque année durant plus de sept jours, avec le Mardi Gras en guise d’apothéose (les prochaines dates des mardis grassouillets sont le 04/03/2025 et le 17/02/2026). Toutes les îles du Cap-Vert respectent la tradition de faire la fête à cette période, mais aucune n’arrive à la cheville de l’île de São Vicente et de sa capitale Mindelo, parfois surnommée pour cette raison le petit Brésil.

Si vous ratez la saison, une courte séance de rattrapage appelée Carnaval de Verão (carnaval d’été) semble être organisée le mardi de la deuxième semaine d’août. Hélas la date exacte n’est annoncée que quelques jours avant par ici.

C’est la première fois que nous dédions un article à un événement culturel, mais nous avons quelques informations utiles à partager avec vous, des éléments pas si simples à comprendre à distance.

 

En quoi consiste la soirée du Mardi Gras ?

Plusieurs types de carnavals existent à travers le monde. Celui de Mindelo s’inspire fortement du carnaval de Rio, avec rythme, couleurs, chorégraphies et coups de sifflets. Quatre ou cinq équipes géantes (vraiment géantes) appelées « bandes » défilent et donnent le meilleur d’elles-mêmes sur des airs de samba qu’elles ont composés spécialement pour l’occasion.

Pendant ce temps, un jury distribue secrètement des points qui seront dévoilés le lendemain lors de la remise des prix : reine et roi du carnaval, meilleure musique, meilleure bateria (batucada), meilleur char, meilleure porte-étendard, etc.

 

Quels sont les défilés secondaires du carnaval de Mindelo ?

Mis à part le grand défilé du mardi soir, où tout se doit d’être parfait, une foultitude d’autres joyeuses processions s’enchaînent, plus ou moins fastes, plus ou moins désorganisées, et dans divers quartiers :

• Dès le mois de janvier, chaque école, du jardin d’enfants aux études supérieures, organise son tour de pâtés de maisons, accompagnée d’une camionnette pour envoyer les décibels. D’autres institutions les imitent, par exemple le personnel éducatif ou le personnel de santé (ne tombez pas malade à ce moment-là).
• Les quartiers organisent leur propre parade, certaines sous la forme de mandingas dont nous reparlerons plus bas.
• Le défilé de l’école de samba tropicale est le plus important et le plus beau des défilés secondaires. Il déploie ses plumes la veille du Mardi Gras, soit le lundi soir.
• Dans l’après-midi du Mardi Gras, des « groupes d’animation » font leur show, nous en reparlerons aussi.

L’événement est si suivi et l’île est si petite qu’au final, une énorme portion de la population participe d’une façon ou d’une autre au carnaval de Mindelo. Les autres accourent en tant que spectateurs. Bref, impossible d’échapper à la fête !

Nous étions en vadrouille sur l’île de Fogo durant la semaine qui précédait Mardi Gras. Nous avons donc manqué la majorité des défilés mineurs à São Vicente, mais nous en avons croisé à São Filipe.

Puis nous sommes restés huit jours à Mindelo après le Mardi Gras, durant lesquels l’ambiance est retombée comme un soufflé et où la ville s’est accordé du repos. À l’exception du J+5, lorsque les mandingas ont symboliquement enterré le carnaval jusqu’à l’année suivante.

 

Le lundi, défilé de l’école de samba tropicale, J-1

Ce défilé n’est pas loin d’être aussi beau et festif que son grand frère du lendemain. Il est juste plus court, car une seule bande défile. Mais… avec un bon millier de danseurs et danseuses. Oui tout de même ! Comme il n’y a pas de compétition, les participants sont clairement là pour s’amuser, ils n’hésitent pas à plaisanter entre eux ou taper la bise à des amis du public.

Le parcours (qui sera le même le lendemain) part du bord de mer près du grand portrait de Cesária Évora, remonte la rua de Libertad d’Africa jusqu’au palais, puis contourne la Praça Nova (aussi appelée Praça Amílcar Cabral) avant de rejoindre la côte.

En arrivant tôt, nous trouvons ce soir-là une bonne place, debout et proche du point de départ, mais la foule continue d’affluer dans nos dos et de nous sardiniser. Petit conseil : positionnez-vous plutôt à l’intérieur de la boucle, c’est-à-dire rive gauche dans le sens du défilé. Peu de nouveaux spectateurs atteignent cet îlot une fois le spectacle commencé.

Nous découvrons que derrière l’immense fiesta, l’explosion de joie, de musique et de couleurs, le défilé suit certaines règles très codifiées. De puissants haut-parleurs municipaux jouent la chanson de l’année en boucle, tandis que de grands régiments de danseurs bien alignés se succèdent, chacun ayant son thème, son costume et sa chorégraphie.

Entre-deux, c’est parfois un bataillon de tambours qui déboule ou un char à thème. Enfin, les espaces vides sont occupés par des danseuses entourées d’énormes panaches de plumes, qui s’approchent du public pour un bout de danse endiablée.

Autour de nous, les Capverdiens sont à fond. Ils applaudissent, dansent, hurlent lorsqu’une star approche, ou simplement une de leurs connaissances. Ce défilé de l’école de samba avance à vitesse de tortue de mer et met près de deux heures à défiler. Ajoutez une bonne heure pour que son extrémité atteigne la fin du circuit.

 

Le grand jour du carnaval de Mindelo, Mardi Gras

Le Mardi Gras n’est pas férié (le mercredi l’est), mais plus personne ne semble travailler dans Mindelo. Des bus affluent depuis tous les villages de l’île. Depuis la veille au soir, les gens ont commencé à poser des chaises, pierres, cordes et tout autre objet au bord du circuit pour réserver leur place, parfois même sur deux rangées.

Des gradins sont aussi en place depuis plusieurs jours. La population peste sur leur nombre en augmentation, empiétant sur des trottoirs auparavant gratuits. Surtout que les tarifs ont augmenté (entre 15 et 20€ la chaise, paraît-il).

Les jours précédents, nous avons commencé à nous mettre dans l’ambiance en découvrant les musiques de l’année, publiées sur Youtube par les quatre bandes. Notre préférée est celle des Cruzeiros do Norte :

Le coup d’envoi du défilé correspond à peu près au crépuscule, mais nous arrivons deux heures plus tôt à 16h30 pour dégoter une bonne place. Nous ne sommes pas seuls !

Pour patienter, nous observons les groupes d’animation qui passent. N’importe qui peut s’inventer un costume et tenter de faire le show. Certains soutiennent une cause avec des pancartes, d’autres ont juste l’air d’avoir décidé au dernier moment de déambuler avec un carton sur la tête.

Les chiens errants aussi sont de la procession, surpris d’être enfin admirés à leur juste valeur.

L’attente est longue et les vendeurs de rue, qui ont débarqué en masse, écoulent des montagnes de popcorn, cacahuètes et mille autres friandises.

Le groupe d’animation le plus réussi a construit deux géants en papier mâché qui réveillent l’ambiance ! Nous les avions repérés en pleine répétition la veille, sur un terrain vague du quartier.

Enfin, la nuit tombe et le vrai défilé commence ! La première bande s’élance, danse, tournoie, se déhanche dans un nuage de plumes et de paillettes. Nous en prenons plein les yeux.

Notre voisine, une mamie particulièrement enthousiaste, fait fi de la barrière de la langue et nous commente en créole tout ce qui se passe. C’est Internet qui nous aidera a posteriori pour l’interprétation :

•  Chaque bande est introduite par une porte-étendard qui tournoie avec sa grande robe et son drapeau.
• Elle ouvre le défilé pour les dizaines d’ailes que contient la bande, c’est-à-dire de vastes groupes de danseurs appareillés et synchronisés.
• Les danseuses à plumes qui volettent entre deux ailes et enchaînent des pas de danse effrénés sont appelées les passistas ou les sambistas.
• Chaque bande choisit un thème et bien souvent les costumes s’y réfèrent. Par exemple, nous avons vu défiler des raquettes de tennis, des dollars et des cœurs pour la bande qui avait composé la musique insérée plus haut sur le thème « santé, argent, amour ».
• Les chars ré-insistent sur les thèmes, en partant dans tous les délires possibles. Les danseuses non sujettes au vertige font le show perchées sur des plateformes.
• Côté musique, les énormes baterias mobiles comptent plus d’une centaine de percussions de tous genres, gare à vos tympans !
• D’autres musiciens et des chanteurs défilent sur des chars et jouent, par-dessus les haut-parleurs municipaux déjà bien puissants, l’hymne qui deviendra très certainement un tube une fois le carnaval terminé.

Les costumes sont tellement sublimes et variés que leur simple conception doit occuper les participants une bonne partie de l’année !

Au lieu d’un départ de bande toutes les trente minutes comme programmé, c’est plus d’une heure qui passe tant les danseurs sont nombreux. Quel spectacle ! Et ce n’est même pas terminé. À la fin du défilé, un bal populaire est organisé, sans compter certains bars et restaurants de la ville qui se transforment en discothèques. Il ne faut pas avoir envie de dormir ce soir-là !

 

Le mercredi, résultats du concours et jour férié, J+1

Ce jour n’est pas très divertissant, mais important pour les Capverdiens qui croisent les doigts pour la victoire de leurs favoris. Une cérémonie un peu trop sérieuse annonce progressivement les vainqueurs. Nous suivons cela à la radio en terrasse d’un café, entourés d’oreilles d’attentives et de cris de joie ou déception. Cruzeiros do Norte, notre bande préférée, finit deuxième. Ooooooh…

Comme nous ne sommes pas rancuniers, voici la samba des vainqueurs, le groupe Monte Sossego :

 

J+5 les Mandingas enterrent le carnaval

Lorsque la fête semble terminée… elle reprend ! Le dimanche qui suit le Mardi Gras, les Mandingas clôturent le carnaval de Mindelo pour de bon.

Une Mandinga est un cortège qui prend à rebrousse-plume le défilé officiel, ses talons aiguilles et ses paillettes. Les participants se maquillent avec du charbon bien noir, s’habillent avec des tenues de guerriers africains, s’arment facticement, affichent leur plus belle grimace et battent le pavé en dansant.

L’objectif est de rendre hommage aux racines africaines des Capverdiens, Mandingue étant le nom d’une ethnie d’Afrique de l’Ouest. Sans oublier de s’amuser au passage.

Nous avons suivi la plus célèbre des Mandingas, celle du quartier de Ribeira Bote. Tous les jeunes des alentours se donnent rendez-vous au Mercado da Ribeirinha et se mettent progressivement en ordre de marche.

L’ambiance est familiale et bon enfant à l’avant du cortège (autour des groupes de danseurs déguisés et de leurs musiciens), nous vous conseillons de rester par ici.

À moins que vous ne préfériez l’ambiance nettement plus turbulente de la deuxième moitié du cortège, où un énorme camion-sono crache le beat pour des centaines de fêtards bien serrés.

Un cercueil en carton participe aussi au cortège. Il représente le carnaval, que les participants vont aller enterrer sur la plage de Laginha avec l’aide des Mandingas des autres quartiers.

Nous avons quitté le cortège avant la fin, mais d’après les échos que nous avons eus, les larmes des derniers adieux sèchent en un clin d’œil et laissent place à une grande fiesta de plage.

 

Ce que nous ne savions pas avant de venir au carnaval de Mindelo

• Qu’il s’agissait d’un concours.
• Que nous resterions debout six à sept heures sans bouger le mardi soir.
• Que la musique était assourdissante au passage des baterias (boules quies !)
• Que les hôtels, ferries et avions seraient pleins longtemps en avance et qu’un voyage au Cap-Vert à ces dates nécessitait un peu plus d’organisation.
• Que même le restaurant du soir devait être réservé durant le carnaval, la ville étant pleine à craquer.
• Qu’il ne valait mieux pas dormir dans le centre (ou près d’un bar qui décide de faire la fête), car la musique était forte tous les soirs.
• Qu’il fallait être prudent avec ses affaires, Mi-raison a retrouvé une main dans sa poche lors de la mandinga.
• Que des répétitions se déroulaient à droite à gauche les semaines qui précédaient, mais dans des lieux et à des dates difficiles à connaître. Nous sommes tombés sur une répétition de géants dans cette cour face à la tour de Belém.

Un dernier conseil pour la route : pour connaître les horaires précis du carnaval et découvrir les nouvelles chansons de l’année, nous vous conseillons fortement de consulter ce site rédigé par un francophone bien informé qui vit à Mindelo.

 

Notre avis sur le carnaval de Mindelo

Nous qui fuyons d’habitude les bourrasques et les tempêtes, nous avons adoré plonger dans cet ouragan de couleurs, de musique et de fête. La ville de Mindelo se retrouve métamorphosée, balayée par un vent de joie et d’excitation. Cela nous a donné envie de viser plus souvent de grands événements culturels en voyage.

Pour découvrir tous nos autres conseils sur la ville de Mindelo, rendez-vous dans notre article dédié à l’île de São Vicente.