Nous faisons nos adiós au Chili, des images de Torres del Paine plein la tête, pour repasser en Argentine. Le bus traverse à nouveau les montagnes russes dans les Andes, puis file plein nord à travers la pampa. En six heures seulement, une broutille en Patagonie, nous débarquons à El Calafate. Il s’agit de la ville la plus proche de la frontière sud du parc national des glaciers, Los Glaciares, sorte de réserve protégée pour quarante-sept de ces géants en voie de disparition. Et parmi eux, une star incontestée, l’immense, l’incroyable, le monstrueux, le fabuleux… Perito Moreno !
La ville d’El Calafate
El Calafate n’est pas le genre de ville à remporter les concours de beauté. Nous avons l’impression de nous répéter depuis notre arrivée en Argentine, sauf qu’El Calafate cumule cela avec un nombre incroyable de visiteurs, laissant le sentiment de visiter un centre-ville en carton-pâte. Nous ne nous attendions pas à retrouver autant de monde dans un coin si reculé !
Nos conseils pour les amateurs de plaisirs simples à El Calafate seraient de :
1) repérer les ibis à face noire, d’étranges poules sauvages à becs allongés qui passent leur temps à picorer les pelouses,
2) déguster l’une des douze bières produites sur place par la brasserie La Zorra, accompagnée d’une assiette de frites,
3) plonger la main dans les arbustes de lavande, que les habitants plantent partout,
4) prendre un peu de hauteur sur la petite butte du Mirador de la Ciudad au coucher du soleil.
Et si vous aimez les chasses au trésor, amusez-vous à repérer la clé de sol dessinée par des mélomanes sur la vue satellite de Google Maps !
Balade le long du Lago Argentino
Autour d’El Calafate, les collines sont chauves et les plaines sèches comme dans un western spaghetti. L’Océan Pacifique non loin est un infatigable générateur à nuages, mais ceux-ci se heurtent à la barrière des Andes. Ils trépignent côté chilien, pleurent toutes les larmes de leur corps, abreuvent de grandes forêts, blanchissent le sommet des montagnes et n’ont guère plus qu’une ou deux gouttes lorsqu’ils parviennent enfin en Argentine.
L’eau a toutefois trouvé un autre moyen d’atteindre El Calafate. La neige des sommets se retrouve compactée, dévale les glaciers à vitesse d’escargot, puis se liquéfie dans le Lago Argentino, sur la rive duquel la ville est posée. Un lac d’un bleu à peine croyable, qui contraste d’autant avec la rudesse des terres.
Nous nous lançons dans une promenade le long de l’onde azurée, accompagnés par un chien qui visiblement s’ennuyait.
La rive nous fait penser à un terrain vague, avec une végétation sèche, quelques bouquets de camomille et une fine plage de graviers. Nous conseillons toutefois la balade à ceux qui souhaitent s’oxygéner loin de la foule du centre-ville.
Une portion de rivage est protégée et payante, il s’agit d’une mini réserve marécageuse dotée de pontons piétons, réputée pour l’observation des oiseaux migrateurs. Début mars, nous sommes hélas en saison creuse.
Excursion au glacier Perito Moreno
Le grand jour arrive, celui de notre rencontre avec le Perito Moreno !
Mais au fait, savez-vous d’où vient ce nom ? C’est ainsi que les Argentins surnomment Francisco Moreno, scientifique, explorateur et héros national, passionné de Patagonie. Prenez garde en préparant votre circuit, il existe une ville homonyme à 700km de là, qui a conduit plus d’un touriste à rater royalement le glacier.
Nous grimpons en bus pour un trajet d’une heure trente, frissonnant déjà à la vue des sommets enneigés qui s’approchent.
L’excitation monte encore d’un cran en apercevant pour la première fois le pépère Moreno derrière les arbres. Nous dévalons les passerelles aménagées et…
… nous ne réalisons pas bien.
Oui, c’est beau.
C’est même magnifique.
Une mer de glaçons aiguisés aux reflets électriques.
Mais le glacier semble petit et immense à la fois. Nous n’avons aucun ordre de grandeur.
Tout ce que nous savons, c’est que le froid nous enveloppe depuis que nous nous sommes approchés. Ce glaglaglacier est un climatiseur à ciel ouvert.
Un panneau finit par nous révéler quelques chiffres. Trois kilomètres de large, tout de même, et soixante-dix mètres au point le plus haut. Mais il manque une silhouette humaine en train d’escalader pour mieux assimiler l’information et ce poltron de Mi-raison refuse de s’y coller, sous prétexte que la glace serait instable.
Soudain, nous remarquons deux minuscules morceaux de glace se détacher, dégringoler pendant de longues secondes et s’écraser sur l’eau en un vacarme. CRIC CRAC BADABIM BAM… SPLASH.
Alors nous patientons un peu. Le Perito Moreno craque sans cesse, mais ce sont des fausses alertes. Toutes les cinq minutes environ, quelques nouveaux glaçons chutent. Toutes les trente minutes, c’est un cataclysme. Un pan de la taille d’une immeuble de vingt étages se sépare et s’affaisse au ralenti.
S’ensuit une série de vagues qui ondulent à la surface du lac, faisant s’entrechoquer tous les glaçons entre eux. Le tumulte met plusieurs minutes à se calmer entièrement.
Ne vous inquiétez pas pour le glacier, il ne souffre pas. Cela fait partie de son cycle de vie. Il avance d’environ deux mètres par jour et se brise d’autant.
D’ailleurs, contrairement à la quasi-totalité des glaciers à travers le monde, le Perito Moreno semble résister au dérèglement climatique. Les scientifiques ne savent pour le moment pas l’expliquer, mais soupçonnent une augmentation de la quantité de neige qui tombe en amont.
Ce qui rend le Perito Moreno encore plus extraordinaire, c’est la sorte de péninsule sur laquelle nous nous trouvons, touchant presque la falaise de glace. Ce mirador est d’or.
Les passerelles forment tout un réseau qui offre une myriade de points de vue. L’une d’elles propose même une boucle où se promener dans la nature. Nous avons envie de surnommer ce circuit (en rouge sur les panneaux) « la passerelle des Français », car c’est simple, nous n’y avons croisé que des compatriotes.
Quant aux Argentins, fidèles à eux-mêmes, ils débarquent avec leur maté à la main, voire avec des fauteuils pliables pour certains. Aaah, l’art de vivre à l’argentine !
Notre avis sur El Calafate et le glacier Perito Moreno
Gardez en tête qu’El Calafate n’est qu’un dortoir à touristes. En revanche, il faut bien reconnaître que le glacier Perito Moreno est spectaculaire. Il s’agit, à notre humble opinion, d’une étape incontournable lors d’un voyage en Patagonie, à moins que vous n’ayez prévu de rendre visite à un autre glacier. Nos trois heures sur place ont filé en un clin d’œil, ce qui donne une idée du côté hypnotisant de la bête !
Conseils pratiques pour visiter El Calafate et le Perito Moreno
Transports de Puerto Natales (Chili) à El Calafate
Comptez 6h de bus pour environ 20€. Nous avons réservé sur ChilePasajes.
Dormir à El Calafate
Le choix est vaste, mais les logements ne sont pas donnés, en particulier en haute saison. Nous avons jeté notre dévolu sur l’hôtel Los Gnomos (~50€ la nuit, infos et réservation ici)i. Points positifs : la localisation proche de la gare routière (pour arriver et quitter la ville, mais aussi pour l’excursion au glacier), l’équipe particulièrement chaleureuse et serviable, le petit déjeuner parfait et à volonté. Points négatifs : la localisation un peu excentrée et les murs plutôt fins. Mais ce dernier point semble courant en Patagonie.
Restaurants à El Calafate
Si vous logez du côté de notre hôtel, vous serez peut-être comme nous heureux de découvrir une adresse plus abordable que les autres, le minuscule Alfonsina Cocina Consciente. La propriétaire prépare par exemple de délicieuses tartelettes, des empanadas ou des wraps, majoritairement végétariens.
Boire un verre
Nous avons bien aimé l’ambiance du bar La Zorra, qui brasse ses propres bières. Notre préférée est celle au miel, mais demandez à goûter au comptoir si vous avez du mal à vous décider. Une terrasse s’étale dans le jardin et il est aussi possible de commander à grignoter.
Excursion vers le glacier Perito Moreno
Nous avons réservé nos places la veille à la station de bus et comparé les tarifs des différentes agences, elles s’alignent toutes : environ 18€ par personne l’aller-retour (1h30 chaque trajet). Idem pour les horaires, elles proposent toutes un départ vers 8-9h et un autre à 13-14h. Si vous souhaitez être tranquilles, préférez l’après-midi, moins grouillant. Passeports nécessaires pour réserver. Le trajet dure 1h30 et le chauffeur vous laissera environ 3h sur place. Les hôtels proposent un service de navette porte à porte pour 3€ de plus, qui peut s’avérer pratique si vous êtes loin du terminal de bus.
Puisque tout est bien organisé pour les touristes à El Calafate, vous pourrez sans problème réserver auprès de votre hôtel une « lunch box » de pique-nique. Il existe même des options vegans.
Prix d’entrée du parc national : environ 12€, en supplément du bus.
Très joli descriptif de votre voyage à travers le Chili et l’Argentine. Vs ns faites voyager accompagner de beaux dessins et belles photos. Merci pour tout ça. Continuez à faire ce que vs avez envie de faire. Vs êtes libres et jeunes profitez en encore longtemps. Je vous lis avec attention et cela me rend un peu rêveuse. Bon courage. Prenez soin de vs. Bisous à vs deux
Merci Annie ! Ne t’inquiète pas pour ça, on compte continuer encore longtemps à faire ce qu’on aime 🙂
À bientôt !
Merci beaucoup pour cette superbe rencontre avec ce glacier.
Grâce à vous, je fais le tour du monde.
Maintenant,je reconnais bien vôtre plume.
Dès que je le pourrais à nouveau, j imprimerais ce voyage.
Cordialement
C’est gentil ! Nous aussi on a l’impression de voyager en écrivant ces articles un an après 🙂
Magnifique ce glacier et vivant en plus. Merci pour ce super compte-rendu de voyage. N’oubliez- pas de vous arrêter si vous repasser par chez nous… E & M
Coucou Edith, coucou Marc !
Oui, il est presque vivant. En tous cas on ne s’ennuie pas à l’observer.
Merci pour l’invitation, et on espère que Marc s’est bien rétabli !
Vous ravivez de bien beaux souvenirs…pannes de voiture comprises. Bonne route, dès que ce sera possible. j’attends le Portugal avec impatience.
Ah tiens, pas de chance pour la voiture !
On a hâte nous aussi d’écrire sur le Portugal, un pays qui ne manque pas de charmes 🙂
en un mot …. Whaou!!!!!
Magnifique, le glacier est grandiose, mais j’avoue que le lac a aussi retenu toute mon attention.
Merci bcp pour ce voyage.
A très vite
Virginie
N’est-ce pas ! Les lacs de glaciers ont une couleur magique 🙂
Salut!
Merci beaucoup pour tous ces détails!
Est il possible de dormir en tente près du glacier ou bien : » parc national = interdit » ?
merci d’avance
Non, impossible de camper près du glacier, cette zone du parc est très réglementée.
Si tu recherches la nature, il y a quelques campings autour du lago Roca. Mais ça reste à une bonne trotte du glacier.
Bonjour,
Tout d’abord, merci pour tous ces articles très intéressants et inspirants ! J’imagine le travail énorme pour décrire et partager toutes vos aventures, félicitations 🙂
J’ai une question sur le passage entre le Chili et l’Argentine (et vice-versa) en Patagonie. L’article a été posté en Mars 2021 mais je me demande à quel moment ce voyage a été réalisé ? En effet, j’espère moi même me rendre en Patagonie en Novembre 2021 mais j’ai peur que les frontières terrestres entre le Chili et l’Argentine soient encore fermé et m’empeche ainsi de passer facilement d’un pays à l’autre dans cette region. Votre voyage a-t-il été réalisé avant la pandémie et fermeture des frontières terrestres ou alors est-ce ouvert dans cette région ?
Merci pour votre aide,
César.
Salut César,
Merci pour les compliments ! On était en Patagonie en février/mars 2020, juste avant le début de la pandémie. Désolés, on n’a pas d’infos sur l’état des frontières Argentine/Chili actuellement. On suppose que les passages d’un pays à l’autre seront autorisés quand les touristes pourront revenir, car cette frontière est très empruntée. D’ici la fin de l’année tu y verras sûrement plus clair !
Bonjour à tous les trois,
Je prévois de me rendre en Patagonie en février 2022 et suis actuellement en train de me poser les mêmes questions que César il y a quelques mois concernant les frontières.
César, si vous avez eu la chance de vous y rendre, ce que je vous souhaite, pourriez-vous me faire un retour s’il vous plait ?
Mi-fugue et mi-raison, tout d’abord un grand merci pour vos récits et conseils très inspirants !
Lors de votre voyage était-il possible de traverser la frontière Chilli – Argentine de manière « infinie » tant que l’on reste dans la durée du visa ? Ou chaque sortie de pays entraine-t-elle une fin de visa qu’il faudra ensuite renouveler ? Je vois que beaucoup de voyageurs multiplient les traversées mais je ne trouve pas d’information claire à ce sujet.
Merci d’avance,
Agathe
Bonjour Agathe,
Nous ne savons pas te répondre sur le statut des frontières, mais nous pouvons sur le visa ! En fait, il n’y a pas de visa à proprement parler, ni en Argentine, ni au Chili. Seule la date du tampon d’entrée est regardée, et s’il y a plusieurs tampons, celle du dernier. Tu peux donc véritablement aller et venir à l’infini, le compteur est à chaque fois relancé pour trois mois.
Merci beaucoup pour votre réponse. Ca facilite grandement l’organisation de cette partie du voyage 🙂
Croisons les doigts pour les frontières !
Bonne escapade à vous,
Agathe
Bonjour, blog très intéressant et très pratique! Merci.
Nous sommes à El Calafate et mauvaise surprise : le bus A/R glacier coûte maintenant 50€/personne (avec deux adolescents ça fait cher, pas de tarif – de 18 ans ni famille seuls les argentins ont un tarif préférentiel). Une location de voiture pour une journée serait environ 80-90€ selon si on paye «en efectivo» (mais bonne chance pour que les Western Union aient la somme voulue de disponible – si besoin d’informations sur comment on se débrouille pour payer et trouver de l’argent liquide je peux partager aussi mais peut-être plus dans les informations générales).
L’accès au parc est de 45€/personne, 2e jour c’est moitié prix.
En plus, depuis peu, très mauvaise surprise, il faut payer pour randonner à El Chaltén…même tarif quotidien…et les tarifs viennent de changer au 4 novembre (de 30 c’est passé à 45) donc aller voir sur le site des parcs.
En conclusion, c’est à prévoir dans le budget car ce n’est pas anecdotique.