Qu’est-ce que la ville de Sarajevo vous évoque ? On a forcément en tête une ville ravagée par la guerre. N’est-ce pas encore un peu dangereux d’aller là-bas ? Ce n’est apparemment pas une destination qui fait rêver. D’ailleurs, lorsque nous avons annoncé à nos amis que nous partions en voyage à Sarajevo :
Eh bien il est temps que ça change ! Sarajevo est une attachante petite capitale que nous sommes heureux d’avoir découverte.
Le siège de Sarajevo
Si, comme nous, vous ne vous souvenez pas bien des tenants et des aboutissants de la guerre, voici un petit rappel.
En 1992, la Yougoslavie est en train de se disloquer. La Slovénie et la Croatie viennent d’obtenir leur indépendance. La région de Bosnie-Herzégovine organise elle aussi un référendum et le oui l’emporte. Or ici la situation est plus complexe, car les Serbes représentent une part importante de la population :
- Bosniaques : 45 %
- Serbes : 31 %
- Croates : 17 %
- Autres : 7 %
Pour les Serbes de Bosnie, l’indépendance signifierait une séparation du reste du peuple serbe. Ils demandent alors la création d’une république serbe indépendante à l’intérieur de la nouvelle république indépendante de Bosnie-Herzégovine, mais cette dernière refuse. Les Serbes de Bosnie le vivent comme une grande injustice. Vous suivez ?

C’est le début d’une guerre civile, et c’est à Sarajevo que se déroule la majeure partie de l’affrontement. La ville est entourée de collines, sur lesquelles s’installent les forces serbes. En infériorité numérique, leur stratégie est d’affaiblir les défenseurs Bosniaques afin de faire plier le nouveau gouvernement. Mais Sarajevo tient bon durant quatre années, de 1992 à 1996.
Quatre longues années de cauchemar pour les habitants. Il faut dire que les bombardements ne font pas dans la dentelle. Ce sont en moyenne 329 obus par jour qui pleuvent et tous les bâtiments sont visés : les habitations, les écoles, les hôpitaux…
La ville de Sarajevo aujourd’hui
Après la fin de la guerre, un formidable travail de reconstruction commence. Il reste bien sûr des stigmates, des traces d’impacts ça et là.
Mais si l’on compare avec les photos prises à la fin de la guerre, le résultat est stupéfiant. Ces dernières années, de grands buildings de verre flambants neufs ont même été construits. Un grand bravo plein d’émotions donc, pour les Sarajéviens, qui ont vécu l’enfer et qui repartent de l’avant.

La nouvelle skyline de Sarajevo
Les ethnies tentent maintenant de cohabiter malgré les rancœurs : « Forgive but don’t forget » nous a dit un Bosniaque (pardonnez, mais n’oubliez pas).
Le tourisme a malheureusement du mal à reprendre à Sarajevo. L’image de la ville délabrée reste dans l’inconscient collectif. C’est bien dommage, car il y a un vrai potentiel touristique qui aiderait cette attachante population à sortir la tête de l’eau et de son chômage à 40 %.
Nous espérons donc que la suite de cet article va vous donner envie de venir !
Que voir à Sarajevo ?

Petite surprise en arrivant : Sarajevo est une ville à majorité musulmane. Plutôt inattendu pour une capitale européenne, mais c’est ce qui fait indéniablement son charme ! Les mosquées sont très belles et on en compte 210 dans la ville. Pourquoi autant ? Parce qu’il y a beaucoup d’habitants sur les collines, or un bon musulman doit prier cinq fois par jour. C’est donc une question pratique, pour éviter de passer son temps à descendre puis monter la colline !
La mixité se retrouve également dans l’architecture. La ville de Sarajevo a appartenu à l’empire Ottoman durant quatre siècles, puis à l’empire Austro-Hongrois pendant quarante ans. Les habitants retiennent que les Austro-Hongrois ont plus fait avancer la ville en quarante ans que les Ottomans en quatre cents ans : de larges rues, de beaux immeubles, l’électricité, le tramway…

L’académie des Beaux-Arts, et son pont à looping intégré.
Le quartier turc de Sarajevo (Baščaršija)
L’entrée dans le quartier turc est spectaculaire. On se croit tout à coup au Moyen-Orient. Les grands axes font place à de petites ruelles pavées, dont les échoppes vendent des tapis et des lampes d’Aladdin.
C’est ici que l’on trouve les plus belles mosquées, ainsi que la place Sebilj avec ses pigeons et sa fontaine en bois, l’un des symboles de Sarajevo.



Les papilles aussi se sentent en Turquie, grâce aux petits restaurants du quartier qui proposent des spécialités héritées de la domination ottomane. Citons deux pâtisseries : le burek et le baklava, la première est salée, la seconde est sucrée.

Assortiment de bureks : un délice !
Entre deux visites, on se laisse tomber dans un sofa pour tester le café bosnien (à la turque). Ce café est servi non filtré, il faut donc faire attention de s’arrêter avant d’avaler le marc !

Le café est une institution dans le pays. Nous n’en sommes pas de grands consommateurs, ce qui a intrigué la propriétaire de notre appartement :

Aux bords de la rivière Miljacka
Sarajevo s’est construite le long d’une petite rivière peu profonde, sympathique promenade que nous avons souvent empruntée.
On y trouve le « pont latin », qui est surtout connu pour avoir vu l’assassinat du prince François Ferdinand d’Autriche, élément déclencheur de la Première Guerre Mondiale.

A quelques pas de là trône Vijećnica, la magnifique bibliothèque nationale, autrefois mairie de Sarajevo. Elle a été brûlée pendant la guerre et deux millions de livres ont été perdus. Sa rénovation est tout juste terminée, pour le plaisir des habitants et des touristes. Certains la surnomment maintenant « le phénix de Sarajevo », car elle est renée de ses cendres.

Par son architecture, on pourrait penser qu’il s’agit d’un bâtiment turc, mais non, ce sont bien les Austro-Hongrois qui l’ont construite !

La petite maison est toujours là, en face du gros bâtiment :
Vue panoramique sur Sarajevo depuis le Yellow fort
Pour admirer la ville, le meilleur moyen est de monter sur une ancienne forteresse, située sur une colline proche. Elle offre une vue impressionnante sur Sarajevo, qui s’apprécie encore plus au coucher de soleil.

À la belle saison, une buvette s’y installe. Le lieu est très agréable !

Le parc Vrelo Bosne
À une dizaine de kilomètres à l’ouest du centre-ville de Sarajevo se trouve la source de la rivière Bosna. Un joli parc y a été aménagé avec de nombreux points d’eau. Nous avons préféré marcher, mais des calèches font le trajet depuis la station de tramway.

Une belle promenade pleine de fraîcheur ! Parce que oui, cela ne se voit peut-être pas sur nos photos, mais la chaleur est tombée sur Sarajevo à la mi-mai.

Découvrir Sarajevo avec un local
Plus que dans n’importe quelle autre ville, nous pensons qu’il est intéressant de faire une visite guidée à Sarajevo. Ici, voir ne suffit pas, il faut comprendre.
Nous avons choisi les visites guidées de Neno, un jeune Sarajévien passionné et passionnant que l’on recommande vivement. Plutôt que de s’attarder sur les monuments, le guide nous a expliqué la vie des habitants, les quartiers, l’histoire. Il nous a notamment raconté son enfance durant la guerre, comment lui, sa famille et ses voisins ont tenté de recréer une vie normale dans le sous-sol de leur immeuble afin de ne pas devenir fous. La visite dure environ trois heures et on ne s’ennuie pas une minute.

Des papis jouent aux échecs tous les jours de l’année, même sous la neige !
Notre avis sur Sarajevo
Sarajevo est une très jolie ville, avec beaucoup de charme. L’étonnant mélange d’influences turques et autrichiennes crée une ambiance assez fascinante. Elle est petite pour une capitale, mais vaut bien que l’on y passe deux ou trois jours.
Si vous aimez le ski, raison de plus, les pistes sont proches et les prix imbattables. Il ne manque que les vols directs depuis la France.

Nous vous laissons sur quelques notes de musique bosnienne, une chanson culte que nous avons en tête ces dernières semaines : Halid Beslic – Prvi poljubac.

Où dormir à Sarajevo
Comme nous restions un mois à Sarajevo, nous avons loué un bel appartement un peu excentré. Il n’est malheureusement plus disponible.
Si vous êtes à Sarajevo pour quelques jours, nous vous conseillons de choisir un établissement dans le centre pour mieux profiter de la ville et tout parcourir facilement à pied. Par exemple, le Toplik (~35€ par nuit)i propose de grandes chambres très bien situées, tout près des vieux quartiers. Si vous préférez un appartement entier, toujours dans la vieille ville, jetez un œil aux Apartments Dino (~40€ par nuit)i.
Ah ah, moi je connais presque tout cela comme nous sommes venus vous voir !
Ah bon ?! 😉
Objectif atteint ! Cela nous donne envie de découvrir Sarajevo !
Tant mieux !
Je découvre Sarajevo grâce à vous, merci !
Ravis que tu suives nos aventures !
Franchement, ça donne vraiment envie. C’est trop chouette ce reportage !! Et j’imagine que la suite, ça va être autour … Trop hâte à la suite !!!
Merci ! On vous a donné une nouvelle idée de destination originale pour l’été ?
On revient à un classique, un retour au sources : on va aller aux Limonières !! Bon si vous nous trouvez des supers plans randos, escalade, des coins paumés mais beaux, ça nous va !!
Ai écouté le son youtube ce matin, trop drôle ! J’adore vos petites histoires et rappels historiques, c’est vraiment intéressant à lire 🙂
Alors merci pour votre article !
Merci à toi ! 🙂
Nous aussi on a envie d’y aller maintenant !! (mais avant aussi…). Gros bisous à vous 2 et à vos visiteurs.
Ah ça vous tentait déjà ? Oui venez, ça vaut le détour !
C’est très sympa ce résumé historique de Sarajevo, on se demande quand même comment on peut survivre 4 ans sous 329 obus par jour…
Et votre appart ? On veut les liens rb&b svp
Vous avez pensé à monter un business dans les filtres à café?
C’est clair… Notre guide a quand même plusieurs souvenirs joyeux de son enfance à cette période mais c’est complètement fou comme « vie ».
Notre appart airbnb était encore au top, bien qu’un peu excentré : voici le lien (33% de réduction au mois).
Pas bête mais on dirait qu’ils aiment prendre des risques avec le marc !
Tu donnes vraiment envie ! ton blog est une belle découverte, j’ai hâte de suivre vos… fugues ? 🙂
Pour un lien musical dans chaque article ! Avec pleins de dessins. C’est vrai ça donne envie d’y aller !
On va essayer !
Vous nous donnez envie de connaitre , bien mieux qu’une agence de voyage ! Merci à vous et ..continuez.
Merci beaucoup !
Nous sommes actuellement au Monténégro et voyageons à velo pour encore 2 mois et demi.
Nous hesitions à rejoindre Sarajevo à cause du ramadan ….mais ces quelques lignes sur ce blog nous ont convaincu. ..
Mathurin et Christilla
Oh ça nous fait plaisir ça ! Oui, allez-y, d’autant que le sud du pays vaut le détour aussi, c’est très beau vers Mostar, Počitelj. Ça grimpe pas mal avec les montagnes mais les routes sont vraiment belles. Faites attention aux mines hors des sentiers battus. Bon voyage !
C’est un plaisir de prendre connaissance de vos reportages qui nous instruisent.Vous faites un bon travail et c’est sympa de nous le faire partager.
Merci pour les compliments qui nous encouragent !
bon j’ai repris la lecture de votre blog ! et j’ai du retard ! maintenant que Laura est partie je vais enfin avoir le temps hihihi! j’ai tout relu car j’avais déjà oublié l’avoir lu celui-là, mais ça m’est revenu en chemin. Il me semble qu’il n’y a pas beaucoup de soleil à Sarajevo, non ? ça donne envie d’y aller, même si on imagine que tous les monuments ont soit été recréés, soit sont nouveaux
La preuve que tu l’avais déjà lu : il y a un commentaire de toi plus haut 🙂
C’était pas si mal la météo pour un mois de mai, moitié nuages, moitié grand soleil grande chaleur… Entre la France et la Grèce à peu près.
La vieille ville (le quartier turc) a été à peu près épargnée par la guerre, heureusement. Sinon de nombreux immeubles sont toujours en piteux état mais les monuments on été restaurés sans que ça saute aux yeux.
J’ai visité Mostar en Bosnie. Quand j’ai aperçu les panneaux Sarajevo j’avais très envie de pousser jusque là bas mais le timing ne le permettait pas, il nous fallait redescendre en Croatie.
En tout cas Sarajevo est dans le même esprit que Mostar, avec plus de choses à voir on dirait.
Dommage pour le timing… Sarajevo a vécu le pire et c’est ce qui rend cette ville particulièrement touchante. En plus la route entre Mostar et Sarajevo est bien belle !
J’imagine oui. Je garde un très beau souvenir de Mostar, une très belle ville, multiculturelle également, et avec des habitants touchants. Je suis certaine que j’aurais adoré Sarajevo!
Je confirme, Sarajevo est une ville trés attachante qui vaut le détour. J’y suis allé en 2016 et envisage d’y retourner. A voir aussi la ville de Banja Luka ou Mostar (via le train qui traverse montagnes et lacs..spendide).
Tiens, on ne connaissait pas Banja Luka, ça a l’air de valoir le coup !
Trois ans plus tard, nous venons d’arriver à Sarajevo où nous passerons le week-end. Et en effet, quelle capitale attachante ! Des airs de petite Istanbul, plus loin de petite Vienne. Les vols directs depuis la France n’existent toujours pas (nous avons atterri à Banja Luka, liaison inaugurée il y a quelques mois avec la Belgique) mais la fréquentation touristique ne semble pas en souffrir ! Les visiteurs se déplacent par foules, c’est une vraie surprise. L’été semble y être très agréable et riche en festivals : Summer Market, Street Food Festival… Sans même le savoir, nous sommes même tombés en plein Sarajevo Film Festival, le fameux 🙂 Nous avons hâte de rejoindre les visites guidées de Neno & Friends!
Par foule ? Nous n’avions pas vu cela, mais les charmes de la ville ont dû s’ébruiter. Ou bien c’est la haute saison touristique, comme partout en Europe ! Les pays voisins doivent bien être au courant que la Bosnie est belle.
Allez-vous visiter d’autres coins du pays ?
C’est sûrement à cause de la haute saison. Les rues de Baščaršija sont bondées,les cafés aussi. On est encore loin de la situation en Croatie quand même. Nous faisons simplement une boucle de 2 semaines en Bosnie avec sûrement un saut d’une journée à Dubrovnik. Ceci étant dit, il y avait très peu de touristes à Banja Luka et à Travnik où nous étions avant.
Merci à vous mifuguemiraison,
Cette ville de sarayevo est magnifique et restera gravé à jamais dans ma mémoire de soldat français, en mission de casque bleu en 1996, je dois y revenir avec ma compagne qui travaille dans une agence de voyage, mais vu le contexte actuel des choses (covid) c’est compliqué en ce moment, bref…. en 1996 nous étions logés à l’intérieur de la patinoire de sarayevo, en plein dans la période hivernale, je dirai même glaciale. Mais comment oublié se désastre humanitaire instauré et méthodiquement préparé par les grands chefs de guerre pour assiéger la ville.
Pardonnez mais n’oubliez pas…..je suis pas prêt d’oublier cette tragédie ce massacre….
oui il faut reconstruire oui il faut avancer mais il ne faut pas oublier…..
cyrille ancien soldat de l’armée française casque bleu à SARAYEVO EN 1996
Bonjour Cyrille,
Merci pour ton message, on imagine que cette mission a due être difficile émotionnellement, en vivant la tragédie de l’intérieur.
En espérant que tu pourras replanifier ton voyage bientôt et redécouvrir la ville dans un contexte bien plus paisible !
Bonjour, les vols directs existent désormais ! Nous allons à Sarajevo un long week-end en juillet, et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les incontournables de la ville en parcourant votre article – qui donne envie de lire tous ceux du blogs 🙂
Un grand merci, donc !
Salut Tania, merci à toi ! Profitez bien de Sarajevo, ça doit être sympa au mois de juillet.
étant ancien militaire, j’ai connu Sarajevo pendant la guerre en 1993,depuis mon rêve est d’y retourner, un grand changement je pense.des souvenir et des images pas très bonnes.est-il facile d’y aller ? cordialement Thierry
Bonjour Thierry,
Il n’y a pas de vols directs depuis la France, il faut faire une escale en Allemagne, Suisse ou Serbie. Ensuite, c’est facile de voyager dans le pays et oui, l’ambiance n’a sûrement plus rien à voir avec ce que tu as pu en connaître.